concerts en boîte

17 mai 2014

Life on Mars ?

Evaluation de la Soirée

5.5 sur 6 - 2 votes

1 : Pas du Tout - 2 : Un Peu - 3 : Moyennement - 4 : Beaucoup - 5 : Passionnement - 6 : A La Folie

Conditions de mise en boîte

Librement dans la salle. Je suis plutôt resté sur mon tabouret, juste en face de la scène. L’éclairage était excessivement jaune et c’était quasi irrattrapable. Alors mon parti pris a été de garder les couleurs du Live.

Chronique

Etiqueté par Arnaud :

 Mais que peut bien nous réserver la fin de cette soirée Gravitation, après les deux ovnis que sont Pierre Soletti et Iaross ?

Le fil conducteur a été clair toute la soirée et c’est donc plein de confiance que je vois le trio se mettre en place. La présence de Julien Lefevre (musicien entre autre pour Frédéric Nevchehirlian) me fait croire à un moment partagé entre amis que je connais depuis longtemps. Drôle de sensation. Je me sens déjà tant en osmose, alors qu’aucune note n’est encore sortie !

Les premières sons seront alors comme une évidence : C’est juste parfaitement beau et tellement en adéquation avec ce que j’attendais, sans le savoir.

5…4…3 : Allumage des feux (Pierre Soletti) – 2…1…0 : Décollage (Iaross) – Voilà donc maintenant que nous sommes dans l’Espace, direction la planète rouge avec Babx aux manettes. L’artiste nous y emmène en empruntant les mots de tant de poètes de renom, comme Rimbaud ou Beaudelaire. Qui aurait cru que j’aurai pu accrocher à cet univers, moi un scientifique plutôt intéressé par les chiffres que par les lettres. 

Et bien force est de constater que je bois chaque parole et que je vibre à chaque son de corde, ou à chaque percussion de la batterie de Frédéric Jean. Je prend un pied comme rarement avec un artiste à portée de main (mais je me retiens de lui sauter dans les bras !).

Mais hélas tout a une fin et voilà qu’après une petite chanson en rappel, il faut s’arrêter. Arff… Encore un set où je n’aurai pas été contre 4 ou 5 morceaux complémentaires… A croire que c’est aussi dans le cahier des charges du Festival que de nous mettre l’eau à la bouche et pour qu’on en demande toujours plus !

En tout cas, je peux confirmer qu’il y a de la musique sur Mars : J’y étais ce soir ! Quant à la vie sur Mars, même Bowie se pose la question 😉

Etiqueté par Ysabel :

 Que me réserve la troisième partie de cette incroyable soirée, si chargée en émotion …? Le bonheur de découvrir Live Babx, en trio et pour la première fois à Marseille. Mais attention : après Pierre Soletti et Iaross, la barre est très très haute ! Qu’à cela ne tienne, je ne pense sincèrement pas que le challenge ne lui fasse peur 😉

A peine sont-ils en place, que commence l’intro. Tous les trois nous font les chœurs. La voix off de Federico García Lorca monte « Moi, la poésie, je ne sais pas ce que c’est… » Le piano, le violoncelle et le murmure de leurs voix. La peau du tambour qui roule et qui grossit de plus en plus. « Arthur Rimdaud » lance-t-il, avec les yeux de ses deux compagnons rivés sur lui. Puis Babx se met à chanter, les yeux clos. La musique s’emballe, pour finir sur son rire presque fou. Et, en un quart de seconde, ces trois musiciens disposés en arc de cercle partent dans la drôle de pantomime qui va nous garder en haleine jusque tard dans la nuit.

Avant de continuer, il fait une pause pour nous faire partage sa joie d’être là, grâce à ce grand Madiba, ce Despoète de Frédéric Nevchehirlian (comme il l’appelle). Et pour nous expliquer que ce soir, ce n’est pas à son répertoire habituel auquel nous allons avoir droit, mais à son projet Cristal Automatique, élaboré autour de textes qui ont compté pour lui … Baudelaire, Rimdaud, Genet ou Kerouac, afin de réveiller les sorciers qui ce sont penchés sur son berceau.

Et c’est avec Baudelaire que nous allons commencer. Julien est passé à la guitare. David semble se mouvoir comme un somnambule aux mouvements presque imperceptibles. Justes quelques gouttes de sueur qui le trahissent en tombant sur ces genoux. Et la musique, comme une boucle qui s’amplifie et qui les absorbe totalement.

On enchaine sur les textes bruts et un peu crus de Genet. Avec aussi sa voix qui se teinte de Blues dans une sorte de déclamation chantée et dans un accord juste parfait avec le piano. Mais quand le condamné se prépare à mourir, la musique prend un tout autre tour, comme pour marquer le temps qui s’accélère au fil de ces heures qui lui sont comptées. Une musique construite à la manière d’un idéal complément des mots.

Puis c’est au maracas que Frédéric joue de la batterie. « Une petite chanson d’amour » que Babx nous interprète comme une marche grotesque et pathétique. Hurlant carrément ce texte sur ces laiderons qu’il conspue avec rage. Mais il joue avec nous, soufflant le chaud et le froid, passant du cri au murmure. Comme La Rue qui est déclamée sans musique et en canon. Joignant même leurs téléphones portables à la danse, pour démultiplier leurs voix à l’infini et en faire une douce cacophonie de mots.

Vient une voix lointaine en anglais. Un soupçon de violoncelle. Et c’est le jazz qui reprend la main. Chaque texte et habillé de la musique qui est faite pour lui, avec même un savoureux solo de batterie pour accompagner Kerouac. David s’amuse d’ailleurs du choix qu’il a du faire entre massacrer la poésie de ce dernier par une traduction ou par son accent, qu’il estime dramatique (à tord à mon avis 😉 ). Et heureusement pour nous, ce n’est pas cette considération qui va l’arrêter, puisqu’il n‘hésite pas à enchainer sur une cover de Green Grass, son micro blotti au creux de ses mains. Sa voix se faisant chaud murmure, accompagnée par le violoncelle joué à la corde et par le piano devenu dissonant à l’aide de la feuille de papier qu’il a glissé entre les marteaux et les cordes.

La fin de cette parenthèse enchantée approche. Gaston Miron est annoncé et David répond « Je suis bien d’accord avec vous ! » à une femme qui éclate de rire à l’évocation de ce nom. Mais de rire, nous n’auront pas envie longtemps, très vite rattrapés que nous sommes par une musique et des mots qui vous habitent, vous entêtent et vous emportent … Et puis la petite ritournelle du commencement reprend son cours. La boucle est bouclée. « Moi, la poésie, je ne sais pas ce que c’est… » retenti à nouveau, juste avant qu’ils ne quittent le plateau.

Babx va tout de même nous revenir, l’air de dire : Bon, comme ils insistent ! Mais le problème pour lui est, dit-il, de passer de cette poésie foisonnante à une de ses chansons. Il va pourtant relever le défi, seul en scène, avec un morceau composé justement après sa découverte de Kerouac … « Avec mon accent d’indien ! » Surtout avec des mots qui jouent les uns avec les autres je dirais, comme dans la prose spontanée ou l’écriture automatique. Très complémentaire et tout à fait en adéquation avec la soirée, quoi qu’il en dise 😉 (trop modeste décidément ce garçon !). Et il s’en va encore, non sans avoir salué avec ses deux compagnons de jeu … Redescendant même en riant de l’étage, pour nous adresser un dernier au revoir depuis l’escalier menant aux loges et chemise ouverte, juste pour répondre aux applaudissements qui ne s’arrêtent pas.

Composition

  1. Intro
  2. Le Bal Des Pendus – Arthur Rimdaud
  3. La Mort Des Amants – Charles Baudelaire
  4. Le Condamné A Mort – Jean Genet
  5. Mes Petites Amoureuses – Arthur Rimdaud
  6. La Rue – Antonin Artaud
  7. Pull My Daisy – Jacques Kerouac
  8. Green Grass – Tom Waits
  9. La Marche A L’amour – Gaston Miron
  10. Conclusion
  11. 1er Rappel : Crack Maniac

Date Limite de Consommation

  • Ce concert s’inscrit dans la tournée Cristal Automatique
  • Album défendu : Drones Personnels

Site de Production

Site Offi­ciel : http://babx-music.fr

Ingrédients

  • David Babin dit Babx : Chant & Piano
  • Julien Lefevre : Violoncelle & Guitare
  • Frédéric Jean : Batterie

Remerciements

  • Fabien @ Coopérative Interexterne

Appellations d'Origine Contrôlée

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  • 12 avril 2012

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  • 19 avril 2015

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