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21 janvier 2018 à 15:58Etiqueté par Matthieu :
A juste titre, d’aucuns jugeaient que leur dernier passage sur Paris – même lieu et même date quasiment jour pour jour – remontait aux calendes grecques : 7 ans de privation, c’est effectivement long quand on attend son groupe fétiche ! Personnellement, le manque ne s’était jamais fait ressentir. Et pour cause, je n’avais encore jamais eu l’occasion, ni même – avouons le clairement – eu l’envie de voir Gorillaz et consorts sur scène. Préférant, à ce que je prenais pour des lubies musico-expérimentalo-virtuelles de Damon Albarn, les disques moins téméraires de « l’ennemi » : les frères Gallagher.
Comment en arrive-t’on alors à se retrouver au Zénith, dès 13h05 un vendredi 24 novembre, à jouer le fanboy pour s’assurer la barrière ?! L’explication tient en quelques lignes d’une recette imparable.
Prenez tout d’abord un teasing d’album qui s’annonce bluffant, dès la mise en ligne des quatre premiers morceaux inédits, avec un Saturn Barz envoutant, au clip graphiquement délicieux.
Saupoudrez d’extraits entêtants d’un Andromeda planant et d’un zeste de We Got The Power, ovni ridiculement joyeux.
Ajoutez quelques notes d’Ascension, rythmique à souhaits, où vient se poser la voix enivrante du frontman, et vous obtenez une savoureuse prédisposition.
Laissez ensuite mijoter pendant un gros mois, jusqu’à la sortie de l’opus promis, et reprenez une dose d’excitation sur les autres pistes, comme l’aérienne Busted And Blue, ou la perturbante Sex Murder Party.
Au bout de plusieurs écoutes en boucle, dressez la table le soir du 20 juin et assistez en direct au concert de Cologne retransmis sur Facebook : constatez que Humanz, en version Live, donne une furieuse envie de sauter partout. Que les singles incontournables, ceux dont on se souvient sans même suivre pieusement l’actualité d’un groupe, sont au rendez-vous. Et que, nom d’un Russel, l’ensemble soutenu par les vidéos de Jamie Hewlett, projetées en arrière plan sur écran géant, est d’une efficacité redoutable !
Repus, congratulez-vous enfin qu’un ami ait eu la bonne idée de vous tanner pour réserver votre place en prévente début mai, les deux dates annonçant bien sûr complet depuis.
Ce soir, la première partie est assurée par Little Simz, toute jeune rappeuse d’Islington qui, du haut de ses 23 ans et armée de son premier album, a déjà intégré la liste de nombreux invités studio et scène du groupe. Elle aura ainsi l’occasion de revenir plus tard pour Garage Palace, titre inédit présent sur la version Deluxe de Humanz.
Car Gorillaz, c’est aussi et surtout cette troupe d’artistes éclectiques, chacun venant apporter son univers sur des collaborations riches et singulières : Bootie Brown, Peven Everett, Jamie Principle, Zebra Katz, De La Soul, Popcaan, ou encore Jehnny Beth se succéderont au micro.
Si à Cologne l’auditoire avait eu droit à l’intégralité du dernier disque, Paris est moins gâté de ce côté là et les nouvelles chansons se retrouvent cantonnées en milieu de concert. Pas de quoi bouder son plaisir pour autant.
La soirée démarre en trombe par M1 A1 – que personne n’attendait – avant d’enchainer sans pause sur Last Living Souls, Rhinestone Eyes, Tomorrow Comes Today, Every Planet We Reach Is Dead et 19-2000 !
Le public profite de On Melancholy Hill et de El Mañana, sublimes d’émotion. Souffle un peu. Et les montagnes russes repartent de plus belle : Dirty Harry et son chœur de sales gosses résonne, repris par une salle désormais en feu.
Vient alors la parenthèse Humanz (Strobelite, Andromeda, Sex Murder Party, Out of Body, Garage Palace), avant que Punk ne rappelle à ceux qui avaient pu faiblir que la soirée réserve encore des surprises.
Le combo explosif Stylo + Feel Good Inc. enfonce le clou et c’est une fosse incandescente qui offre ses bras à Jehnny Beth, la (sup)portant littéralement pour conclure avec We Got the Power.
Quelques minutes d’accalmie et le rappel est servi.
En dessert, le groupe avait réservé Hong Kong et Saturn Barz, qu’il agrémente de Kids With Guns et d’un Clint Eastwood grand cru.
Et l’apothéose est finalement apportée sur un plateau d’argent : Don’t Get Lost In Heaven et Demon Days achevant de sublimer un show magnifique.
Pour un baptême, difficile de ne pas succomber au festin !
C’est donc, bien évidemment sans aucun favoritisme et en toute objectivité, que le Chef Albarn et toute sa brigade se voient directement attribuer 3 étoiles au guide Bibendum !!
Et un peu de Damon Albarn aussi…
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Et le son? Parce que j'y étais il y a 7 ans. Les compères de Gorillaz avaient beau jouer en terrain conquis de longue date me concernant, j'en suis ressorti plus que mitigé. Le joyeux bordel façon Mano Negra est plaisant au début, moins quand on accumule les imperfections. Le son était affreux et les inges sons avaient dû croire qu'en bourrant les potars à droite cela réglerait tout magiquement... Donc mitigé à la sortie et à moitié sourd.
Alors là tu me poses une colle car je n'ai ni l'oreille absolue ni le niveau d'un mélomane pour juger de la qualité technique de ce qu'ils ont joué :/ Gorillaz en live c'est de toute façon l'assurance d'un joli bordel sonore comme tu dis; ce soir là ça ne m'a pas paru affreux du tout en revanche. Au moins on entendait bien la voix de Damon et de ses acolytes. Par contre ce qui est sur c'est que les réglages au Zénith sont parfois dans la veine de ce que tu décris, et selon où tu te trouves en fosse (idem en gradin ?), tu as l'impression que les gens assistent à 2 concerts différents... Et pour ne pas finir sourd, sors couvert, on est devenus trop vieux pour ces conneries ;)