Anne Sila est l’une des chanteuses de la dernières saisons de The Voice que j’ai suivi, ensuite lassé par le concept. Cheveux ultra court, voix cristalline et présence hors norme, elle m’avait alors conquis tout autant que Florent Pagny. J’aurai d’ailleurs préféré qu’elle gagne devant Lilian Renaud, mais le public en avait décidé autrement.

C’était il y a deux ans et j’avoue que la belle compétitrice était, depuis, totalement sorti de ma vie musicale et de mes radars. Triste réalité d’un monde médiatique où tout va trop vite et dans lequel les espérances d’un avenir artistique sont bien faibles pour ses nombreux participants.

Son premier retour à la lumière se fait pour moi par le biais d’un ami photographe, qui mettait en avant quelqu’un de ses clichés dans la nouvelle édition du premier album de la jeune artiste : Amazing Problem. Le jour même, je jette un œil sur ses dates de concerts dans la région et je découvre qu’elle passe à L’Usine. Le rendez-vous est donc pris. J’en profite, au passage, pour écouter quelques titres de l’album et j’avoue ne pas être très touché par une production que je trouve à la fois lisse et très marketée,  ce qui je trouve détonne avec ses capacités.

Par contre, la tournée en cours est acoustique. Exercice que j’aime particulièrement, les artifices y étant impossibles : c’est définitivement sans ampli que l’on ne peut pas tricher, là où la voix doit seule aller chercher le public.

Arrivé dans la salle, je découvre que le concert est dans le Club, plus cosy et intimiste que la grande salle. J’apprends également que le public aurait dû être assis. Mais cette configuration aurait nécessité de faire la bascule d’une salle à l’autre. L’Usine, avertie trop tard par la production, décide au final que nous serons tous debout et bien serré : pas le temps ni la place de sortir les chaises ! Ainsi, nous serons le seul public de la tournée à avoir ce privilège. Je ne peux que m’en réjouir, cette promiscuité apportant son lot de chaleur.

La belle arrive un peu sur la réserve, la présence du public debout semblant lui faire un peu peur. Pas forcément envie « d’affronter » les gens debouts et de perdre ses référentiels de tournée. Mais tout cela sera pourtant rapidement balayé, pour laisser place à un concert tout simplement parfait.

Sur scène, c’est juste la magie Live que l’on aime : un piano divin et une voix tout aussi parfaite. Anne est éblouissante de talent, de présence, de force, tout autant que de délicatesse. Wha’s Else ? On en redemanderait bien treize à la douzaine des soirées comme ça !

Dans la salle, c’est aussi un public de rêve. Calme, attentif et pourtant communicatif quand il le faut, pour saluer un bon mot, ou donner l’encouragement qui va bien. Le mariage est parfait et l’échange idéal ! Où que je regarde, je ne vois que des sourires, de 15 à 50 ans !

Dans des conditions pareilles, on profite de chaque instant dans une communion simple et sincère. Le concert se déroule avec évidence et on oublie tout, jusqu’au temps.

Mission pleinement accomplie donc pour Anne, qui ce soir fait largement oublier sa possible étiquette de « pantin de la télé ». Non, c’est une véritable artiste qui s’est découverte à nous, avec sa sensibilité, son caractère et son envie de se dépasser. Je ne peux que lui conseiller de continuer ainsi et de devenir l’Olivia Ruiz des 15 prochaines années, tout aussi libre et créatrice.