Un très agréable moment, où l’on oublie que le chant des cigales pour découvrir celui des classiques russes ! Il y avait un vrai plaisir de chanter et une vrai émotion.

Ce soir, Jeudi 21 Juin … C’est la fête de la musique à Istres. Alors la ville s’est préparée à recevoir tous les musiciens, qu’ils soient d’un soir ou confirmés, pour partager cette belle évocation de l’été. Des scènes, grandes et petites, ont pris place de-ci de-là et nous n’avons que l’embarra du choix pour passer une bonne soirée musicale et festive.

Pour la commencer, nous avons décidé d’aller écouter un groupe de chants folkloriques russes de notre jolie ville : Ou Samovara (traduisez Autour du Samovar) qui va nous offrir un concert à capella, avec un accompagnement à la guitare, en l’église Notre-Dame de Beauvoir, dans les hauteurs d’Istres.

Hommes et femmes ont revêtu des costumes traditionnels chatoyants et hauts en couleurs, avec de longues tresses mêlées de rubans pour ces dames et demoiselles transformées en poupée russes et une allure très altière et fort impressionnante pour ces messieurs. Ils ont tous pris place dans le cœur de l’église, en demi cercle face à nous. Et c’est Anne qui va nous présenter le groupe et le programme de ce concert (elle reviendra d’ailleurs à plusieurs reprises pour nous donner quelques explications sur les titres et les textes des chansons interprétées par le groupe).

Dès les premières notes, ce qui saute aux yeux, ce sont leurs visages où se lit un véritable plaisir mélangé à un peu de timidité … Un peu impressionnés pour certains sans doute ?!! Mais très vite, ce sont des sourires qui les éclairent et les rythmes vont se faire de plus en plus chantants, servis à la perfection par ce lieu semblant fait pour cette musique. Pour un peu, en fermant les yeux, on se croirait sur les bords de la Volga ou emportés par la course folle de la troïka qui dévale les côtes de Romance. Et si seulement on parlait russe, pour un peu on chanterait bien avec eux ! Les choristes ne peuvent s’empêcher de sautiller sur place, emportés qu’ils sont par la musique puis, l’instant d’après, ils se mettent à chuchoter comme pour nous faire partager quelques secrets.

Mais que serait un répertoire de chansons russes sans une pointe de mélancolie … Alors vient Kaldounieï, chanson d’amour d’une jeune fille prise pour une sorcière à cause de ses yeux verts. Un thème qui peut sembler triste, mais qui est véritablement porté par cette musique si douce et si chantante. Et puis la ballade à travers la grande Russie continue. Kon, le cheval métaphorique de ce fier pays, offre une mélodie qui joue sur les nuances, à presque vous donner les larmes aux yeux. A grand renforts de  любить («Lioubliou» à traduire par «aimer» … La seule chose que je comprenne en russe !!)

Le Colporteur vient ensuite réchauffer à nouveau les chœurs, parce qu’on le sait bien, la tristesse ne dure jamais bien longtemps dans ces chants si entrainants. Ponctué par un «Oy !!» fort bien lancé ma foi. Ils sont à fond et nous offrent un concert vraiment superbe, avec certaines et certains qui semblent totalement à l’aise avec cette langue si difficile à maîtriser. Et c’est là qu’on se rend compte qu’en fait beaucoup de ces airs nous sont familiers, ce qui donne l’envie au public de démarrer une clappe qui parait timide au départ, mais qui est vite rejointe par tout le monde (même si ce n’est pas facile de les suivre sur le rythme de Darogoï qui coule et roule comme un petit torrent espiègle !)

Mais les chants russes, ce sont aussi de grands airs «sérieux» et majestueux. Et c’est le cas de Zanalassia, déclaration d’amour à la mère patrie. Toutes les facettes de du folklore musical russe est présent ce soir, avec cet habile choix dans les alternances de rythmes et de thèmes. Nous partons donc au grand galop à travers les steppes, avant de retourner nous blottir dans les bras de notre Babouchka, au son de sa douce berceuse … Maros Maros, qui va peut-être accompagner les bouts de choux présents jusqu’à leur petits lits.

Bien joli voyage vraiment que nous faisons avec Ou Samovara. Le public est conquis. Et ils nous ont même réservé une petite surprise pour la fin : Sortie de plein de petits drapeaux russes pour le dernier morceau et pour honorer les Cosaques de Marroussia. Avec un départ tout en lenteur pour amener tout le monde à taper dans les mains (et on a intérêt à suivre, puisque Anne a prévenu que si nous voulions un rappel, il allait falloir le mériter !!)

Les applaudissements ne se font pas prier et semblent combler les chanteurs … Puisqu’on aura finalement droit au rappel (Ouf !) et on ne va pas le regretter. Ce sera le mythique Kalynka (que nous avons tous chanté au moins une fois dans notre vie, même sans connaitre les paroles 😉 !). Tous le monde chante donc, les petits drapeaux s’agitent et ils terminent avec tous un merveilleux sourires sur les lèvres. Ils sont heureux et fiers d’eux … Et il y a de quoi !!