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17 aoĂ»t 2018 Ă 9:03Nota : des Scans HD de chaque face de la pochette sont proposĂ©s plus loin đ
Jâai toujours considĂ©rĂ© Physical Graffiti, et ce depuis sa sortie en fĂ©vrier 75, comme Ă©tant le plus grand disque de Rock jamais enregistrĂ©.
AprĂšs ça, plus rien ne pouvait ĂȘtre comme avant.
Je l’Ă©coute depuis plus de 40 ans et je ne m’en lasse jamais. Le niveau atteint par les 4 membres de Led Zeppelin sur cet album dĂ©passe tout ce que j’ai pu Ă©couter avant et aprĂšs la parution de ce joyau.
Led Zeppelin pouvait-il faire mieux ensuite ? Tout leur savoir faire est dans ce double album. Le son est dĂ©moniaque et d’une puissance inouĂŻe.
Ce disque est définitivement MONSTRUEUX !
AprÚs la tournée Houses Of The Holy en 73 et les concerts fantastiques aux USA, les membres du groupe prennent de longues vacances.
De son cĂŽtĂ©, Jimmy Page se consacre Ă la fondation de Swan Song, la maison de disque de Led Zeppelin, sur laquelle vont bientĂŽt signer Bad Company, Maggie Bell, Dave Edmunds et les Pretty Things. On installe les nouveaux bureaux Ă King’s Road et Peter Grant, leur manager, prend encore plus d’importance.
Pourtant, il est temps de se remettre au travail et le groupe se rĂ©unit tantĂŽt Ă Headley Grange, tantĂŽt Ă l’Olympic Studio Ă Londres pour enregistrer ce qui va devenir non seulement l’album quintessentiel du groupe, mais aussi le plus phĂ©nomĂ©nal double album de Rock jamais paru.
De ces sessions de 74, le groupe accouche de 8 nouveaux titres faramineux, aussi divers les uns que les autres, tous terriblement inspirés et surtout magistralement interprétés par des musiciens alors au sommet de leur art.
Jamais Led Zeppelin n’a atteint un tel niveau.
Avec des titres comme Custard Pie, In My Time Of Dying avec son orgie de slides soutenue par un beat infernal de Bonham, Trampled under Foot inspirĂ© du fameux Superstition de Stevie Wonder mais jouĂ© Ă 1000 Ă lâheure, Kashmir avec ses parties obsessionnelles de Mellotron jouĂ©es par John Paul Jones – remplaçant Ă lui seul tout un orchestre symphonique -, In The Light et ses sonoritĂ©s indiennes, Ten Years Gone avec ses strates de guitares acoustiques superposĂ©es, The Wanton Song  et enfin Sick Again au Rock primal, Led Zep a assez de matĂ©riel pour sortir un disque totalement rĂ©volutionnaire et repartir ensuite en tournĂ©e Ă travers tous les USA, aplatissant ainsi toute la concurrence.
MalgrĂ© l’apport de ces nouveaux morceaux, qui constituent dĂ©jĂ les dignes successeurs de ceux de Houses Of The Holy, le groupe a dans l’idĂ©e un projet beaucoup plus ambitieux : sortir un double album studio.
Tous les grands noms de l’Ă©poque s’y sont collĂ©. Dylan avec Blonde on Blonde, les Beatles avec le double blanc, Hendrix avec Electric Ladyland et les Stones avec Exile On Main Street. Tous ces albums ont marquĂ© l’histoire et Led Zeppelin ne veut pas ĂȘtre en reste.
Ils ont, dans leurs archives, pas mal de morceaux inédits et datant des enregistrements de leurs 5 premiers albums.
Jimmy et Robert ont alors l’idĂ©e de retravailler ces titres et de les inclure sur le futur double album baptisĂ© Physical Graffiti. La difficultĂ© majeure d’un tel projet, avec un mĂ©lange de titres enregistrĂ©s Ă des moments et dans des studios diffĂ©rents, est de les faire sonner comme s’ils faisaient partie des mĂȘmes sessions que ceux enregistrĂ©es Ă Headley Grange en 74.
Ainsi donc,7 anciens titres refont surface et viennent s’ajouter Ă la liste des 8 nouveaux.
Bron-Yr-Aur, délicieux interlude montrant les aptitudes de Page à la guitare acoustique, et le trÚs fluide Down By The Seaside datent des sessions de Led Zep 3.
On regrettera pourtant que The Swan Song, petite merveille acoustique, nâait pas Ă©tĂ© retenue.
Night Flight, sur lequel Plant excelle, et l’irrĂ©sistible Boogie With Stu (Stu Ă©tant le surnom donnĂ© au pianiste des Stones, Ian Stewart) n’ont pas Ă©tĂ© inclus dans Led Zep 4, l’album sans nom de 71.
Houses Of The Holy, Black Country Woman et surtout The Rover ont Ă©tĂ© Ă©crits pour lâalbum Houses Of The Holy, avant d’ĂȘtre Ă©cartĂ©s Ă cause de la durĂ©e maximum d’un 33 tours. En fait, si on veut qu’un 33 tours sonne bien, il ne faut pas dĂ©passer 40 minutes, 36 minutes Ă©tant la durĂ©e idĂ©ale (dixit Lou Reed).
The Rover est un titre absolument essentiel, un de leurs tous meilleurs, avec un solo de Page en milieu de morceau, mĂ»ri et prĂ©parĂ© par la frappe mĂ©tronome de Bonham Ă la batterie. On sent que ce solo va surgir. On lâattend avec impatience mais Ă chaque fois qu’il arrive, on se prend une claque monumentale, comme si câĂ©tait la toute premiĂšre fois. Il ne dure que 30 secondes, mais ce solo doit figurer dans les anales du Rock, au mĂȘme titre que celui de J.Geils sur Stoop Down#39 (Ă©coutez ça mes petits amis đ ).
Je n’ai toujours pas compris aujourd’hui pourquoi The Rover et Houses Of The Holy avaient Ă©tĂ© Ă©cartĂ©s du 5Ăšme album, au profit de The Ocean et The Crunge. De bons titres certes, mais trĂšs loin du niveau de ces deux-lĂ .
The Rover est la preuve flagrante de la puissance et de la domination de Led Zeppelin sur le Rock des annĂ©es 70. Plus rien jamais nâĂ©galera ce titre !
Et puis, il y a le mystĂšre de la durĂ©e de Kashmir, annoncĂ© sur toutes les versions de vinyles comme durant 9 minutes et 41 secondes, alors qu’en fait, le morceau ne dure que 8 minutes 30. Pourquoi ce mystĂšre nâa-t-il jamais Ă©tĂ© corrigĂ© ? Personnellement, je n’ai jamais cru Ă une simple erreur de photogravure. On se prend Ă rĂȘver qu’il existe peut-ĂȘtre, quelque part dans les archives de Swan Song, une version de Kashmir qui dure effectivement 9’41 ». Je n’ai jamais lu aucune explication Ă ce sujet et pourtant, connaissant Jimmy Page, il doit y en avoir une. Ce n’est qu’en 1987, lors de sa 1Ăšre rĂ©Ă©dition CD, que Kashmir sera crĂ©ditĂ© de sa vĂ©ritable durĂ©e. Je me revois encore Ă lâĂ©poque en train de chronomĂ©trer Kashmir, me doutant bien que le titre ne durait pas 10mn.
Led Zeppelin tient donc son double album studio. HĂ©las, une fois encore, sa sortie est retardĂ©e par d’interminables problĂšmes de pochette, le groupe s’Ă©tant lancĂ© avec les designers d’Hipgnosis dans un projet pharaonique d’une rare complexitĂ©. Le « die-cutting » de la pochette principale a en effet du mal Ă se caler sur les multiples photos interchangeables des pochettes intĂ©rieures. Ces photos oĂč le groupe apparaĂźt ont Ă©tĂ© prises lors d’une soirĂ©e privĂ©e inaugurale du label Swan Song, au cours de laquelle tous les membres du groupe sâĂ©taient travestis.
Le rĂ©sultat est finalement au rendez-vous. Plus tard, en 78, les Stones reprendront l’idĂ©e de cette pochette Ă fenĂȘtre pour leur album Some Girls.
Encore aujourd’hui, lorsque je rentre dans un magasin de disques d’occasion et que je vois Physical Graffiti posĂ© dans la devanture, je suis toujours sous le charme. Je me souviens de mon achat de ce disque en 75 et tous les bons moments qu’il m’a apportĂ©s. Et, Ă chaque fois, je suis tentĂ© de le racheter.
Depuis, j’ai complĂ©tĂ© ma collection de Physical Graffiti avec des originaux UK et US.
Un dernier conseil Ă propos de Physical Graffiti : il faut impĂ©rativement Ă©couter ce disque en format vinyle et trĂšs fortâŠdu moins si vous le pouvez !
Le double album est commercialisé le 24 février 75, alors que le groupe est déjà en tournée aux Etats-Unis depuis le 14 janvier, aprÚs avoir rodé des morceaux choisis lors de 2 concerts un peu bùclés donnés à Rotterdam et Bruxelles.
Le retard de la sortie de Physical Graffiti pose d’ailleurs un Ă©norme problĂšme aux organisateurs de concerts, car les titres interprĂ©tĂ©s, n’Ă©tant pas connus du public, ont Ă©videmment un impact moins important. Or, des morceaux comme Kashmir, In My Time Of Dying – 2 monuments – ou Sick Again et Trampled Under Foot avec son groove infernal, sont totalement inconnus des fans au dĂ©but de la tournĂ©e.
TournĂ©e qui d’ailleurs commence bien mal : on est en plein hiver et cette annĂ©e, il est particuliĂšrement glacial aux USA.
Rober Plant tombe malade dĂšs le 1er jour, un gros rhume puis une grippe. Sa voix est totalement cassĂ©e et il est alors forcĂ© de chanter 2 octaves en dessous de d’habitude, ce qui est trĂšs pĂ©nalisant pour certains titres. En plus, Jimmy Page s’est fait mal Ă la main. Il ne peut jouer qu’avec 3 doigts et sous mĂ©dicaments (en gĂ©nĂ©ral, une bonne dose de Whisky).
Tous ces événements fùcheux handicapent fortement le 1er mois de la tournée et les prestations ne sont, bien sûr, pas à la hauteur de celles de la précédente. La fantastique tournée de 73.
Il y a Ă©galement des incidents graves qui se passent, comme celui de ce jeune fan rouĂ© de coups au pied de la scĂšne du Spectrum Ă Philadelphie par 2 roadies totalement dĂ©chaĂźnĂ©s. Plant et Page assistant Ă la scĂšne totalement impuissants dĂ©cident de stopper net le concert au milieu de Stairway, avant d’interpeller les 2 fous furieux. Robert, totalement hors de lui, assĂšne alors Ă l’aide de son pied de micro un coup d’une rare violence, qui blesse Ă la tĂȘte un des 2 roadies en question. AprĂšs le retour au calme, le groupe reprend la chanson depuis le dĂ©but.
Mais Led Zeppelin gardera en mémoire cet incident malheureux et ne rejouera jamais à Philadelphie.
Un autre incident majeur se produit au dĂ©but de la tournĂ©e. John Bonham, totalement ivre – surnommĂ© la « bĂȘte » dĂšs lors qu’il est en tournĂ©e – tente de violer une hĂŽtesse de l’air lors d’un vol de transit entre 2 concerts. Richard Cole, le Tour Manager du groupe, ainsi que Peter Grant, arrangent l’affaire afin que l’hĂŽtesse, heureusement grande fan du groupe, ne porte pas plainte.
La tournĂ©e, qui dure plus de 3 mois, commence Ă s’amĂ©liorer Ă partir de mi-fĂ©vrier et le concert du 12 au Madison Square Garden reste un des tous meilleurs du groupe. On peut en juger facilement, puisque tous ces concerts sont maintenant disponibles sur internet, bien souvent avec une qualitĂ© de son surprenante.
AprÚs quelques jours de repos, le groupe reprend sa route vers le sud. Baton Rouge, St Louis, Nlle Orléans et, entre temps, Physical Graffiti est enfin dans les bacs.
L’album, dĂ©jĂ disque platine sur ses seules prĂ©-commandes, devient N°1 partout dans le monde. Il reste 10 semaines en tĂȘte des Charts aux USA.
A partir de cet instant, la tournĂ©e prend des allures de triomphe et Kashmir, le morceau de rĂ©sistance de Physical Graffiti, commence Ă dĂ©trĂŽner Stairway To Heaven dans le coeur des jeunes fans. Le groupe joue alors de mieux en mieux et la fin de la tournĂ©e en Californie est magique, avec pour tĂ©moignage les fameux concerts donnĂ©s au L.A. Forum Ă Inglewood. Chaque soir, devant 20.000 fans en furie, une cĂ©lĂ©britĂ© est invitĂ©e Ă lancer le concert. Le dernier soir, c’est Linda Lovelace, une Porn Star, qui prĂ©sente le groupe. Les Bootlegs de ces 3 concerts porteront le titre Ă©vocateur de Deep Throat 1, 2 et 3.
Lors dâun de ces concerts, Plant intĂšgre le fabuleux Spanish Roses au beau milieu de Dazed And Confused ; ce sera la seule fois.
C’est pendant la tournĂ©e que Led Zeppelin fait pour la 1Ăšre fois la une de la revue Rolling Stone, grĂące au jeune journaliste Cameron Crowe qui rĂ©ussit Ă faire ouvrir les yeux et les oreilles aux membres de sa rĂ©daction en faveur du groupe. Ces derniers ayant Ă©tĂ© plutĂŽt virulents auparavant, puisque tous les albums du groupe ont Ă©tĂ© proprement massacrĂ©s dans le magazine.
A la fin de cette tournĂ©e orgiaque, on dĂ©cide de donner fin mai 5 concerts Ă Earl’s Court à Londres, afin de satisfaire les fans anglais. Ces 5 concerts sont absolument magnifiques. En plus de la setlist interprĂ©tĂ©e en AmĂ©rique, le groupe ajoute un long Set acoustique au cours duquel il joue admirablement Going To California, Tangerine, That’s The Way et Bron-Yr-Aur. Les 5 concerts sont un immense succĂšs et permettent Ă Led Zep de reconquĂ©rir son fidĂšle public anglais.
La suite, hélas, est beaucoup plus douloureuse.
Alors qu’ils passent ses vacances sur l’Ăźle de Rhodes, Robert Plant et sa femme Maureen ont un trĂšs grave accident de voiture. Rapidement rapatriĂ©s en Angleterre, Plant en sort quasi infirme et doit patienter plus d’un an avant de rĂ©cupĂ©rer la plĂ©nitude de sa jambe.
Toutes les tournées prévues, que ce soit en Europe, aux USA à nouveau ou en Australie, sont annulées.
Pendant la longue convalescence de son chanteur, Jimmy Page se lance dans le projet Presence, initialement baptisĂ© Obelisk. L’album, enregistrĂ© en 18 jours au studio de Munich, sera le plus violent depuis Led Zep 2. Et son titre majeur, Nobody’s Fault But Mine, montre encore lâavance du groupe sur ses concurrents.
Ce n’est qu’en avril 77 que Led Zeppelin reprendra la route, mais cette longue interruption a largement entamĂ© la crĂ©ativitĂ© et l’Ă©nergie du groupe.
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Vivre dans les 70s devait ĂȘtre passionnant : des groupes comme Led Zep qui montait le niveau album aprĂšs album, câest rare et attendre la nouvelle galette devait ĂȘtre insupportable. Pour apprĂ©cier Physical, jâai dĂ» me le procurer en vinyl : ce nâest pas mon Zep prĂ©fĂ©rĂ© (je suis plus Houses ou le III) mais il prend de la valeur Ă chaque Ă©coute, Ă lâinstar de In my time of dying vĂ©ritable pivot de lâalbum mĂȘme si cela mâa coĂ»tĂ© des dizaines dâĂ©coutes. DĂ©finitivement un trĂšs gros morceau oĂč Page fait gicler la slide... Ă faire se lever Duane Allman de sa tombe ! Superbe article dâĂ©rudit, vivement le prochain ! ?
Hello, j'en arrive souvent Ă me demander si nous aussi Ă notre Ă©poque nous vivons la mĂȘme rĂ©volution avec des groupes en avance sur son temps ! Radiohead ? Nine Inch Nails ? Bowie ? Metallica ? Je me demande ce qu'en pensera la prochaine gĂ©nĂ©ration... mĂȘme si j'ai tendance Ă croire que personne ne peut refaire le mĂȘme sillon dans la culture musicale que des groupes comme Led Zep, Pink Floyd ou mĂȘme Iggy Pop.
Moi dĂ©sormais jâattends toujours avec impatience les nouveaux disques des artistes suivants : Wilco Calexico Chris Robinson brotherhood Jonathan Wilson The Magpie Salute King Gizzard and the Lizzard Wizard Steven Wilson Tame Impala Uncle Acid and the deadbeats Et jâessaie de me tenir au fait des Ty Segall et Thee o Sees mĂȘme si difficile Ă suivre
Petit supplĂ©ment : - Ă©couter la version de Night Flight par Jeff Buckley (live at Sin Ă©, 94 versions sorties 2003, rĂ©Ă©dition record store day 2018), mĂȘme en guitare voix personne ne pourra dire que led zep ne groovait pas - Jimmy Page & the Black Crowes live at the Geek 94 : au delĂ du cĂŽtĂ© pastiche de lâaffaire la puissance est lĂ et une superbe version de In my time of dying