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03 mars 2016

Vague, remous et ressac ...

Evaluation de la Soirée

3.5 sur 6 - 2 votes

1 : Pas du Tout - 2 : Un Peu - 3 : Moyennement - 4 : Beaucoup - 5 : Passionnement - 6 : A La Folie

Conditions de mise en boîte

Librement dans la salle, sans déranger le public.

Chronique

Etiqueté par Arnaud :

Izia est une drôle d’artiste sur la scène musicale française. Et, si elle a mis un gentil coup de pieds au cul du Rock français fin 2009, année où personnellement je l’ai découverte au Bataclan (avant Pacovolume), en 2016 elle soulève quelques interrogations. En effet, son dernier album, La Vague, casse son image de rockeuse et de rebelle. Izia semble maintenant préférer la musique Pop/Rock/Electro plus conventionnelle et dans l’air du temps, où hélas des groupes excellent déjà.

Personnellement j’aime les artistes qui se remettent en cause et, même si je n’adhère pas pleinement au son attendu de La Vague, j’ai envie de la voir (encore) sur scène et de sentir son énergie.

C’est donc avec cet esprit curieux, mais je l’avoue méfiant, que je rentre dans l’Espace Julien. La première partie, Raphaële Lannadère, me fera oublier mon appréhension. Mais pendant l’attente de la jeune Higelin, un mélange d’impatience et de crainte m’envahit.

Comment vais-je sortir du concert ? Et bien mes craintes et mes certitudes se seront (hélas) confirmées.

Mes certitudes : Izia est un sacré bout de gonzesse, qui se donne à fond le temps d’un concert ! Elle jubile, elle crie, elle transpire, elle harangue, elle pleure, elle rit ! C’est simple : tout le panel des émotions la traverse et elle nous renvoit tout à la gueule, sans filtre et sans se soucier du « qu’en dira-t-on ». Et ça, j’avoue : j’adore ! J’adore quand un artiste se donne entièrement à son public. J’adore quand, à une insulte, elle répond dare-dare à la personne ! J’adore quand, à un cri d’amour, elle rougit. Oui, j’aime définitivement ces personnes naturelles, sans façade et sans chichi.

Mes craintes : Ce show confirme que je n’aime pas l’évolution musicale de cet électron libre. J’applaudis la prise de risque, mais je déplore une musique un peu (beaucoup) brouillon, où son talent ne s’exprime pas et où le marketing semble avoir pris le pas. Où est la prise de risque artistique ? S’il est dans l’envie de sortir du Rock conventionnel, il n’est pas dans le choix d’être dans le sillon surexploité de la mouvance musicale du moment. Chaque soir, il y a des tonnes de concert Pop/Electro et celui vu ce soir n’est musicalement pas différent des autres, et surtout pas mieux. Seule Izia fait la différence, mais c’est trop maigre.

Alors voilà, je rentre à la maison avec cet avis mitigé… Suis-je finalement content ? Probablement oui ! Mais j’aurai tellement aimé les mêmes ingrédients utilisés pour une recette beaucoup plus personnelle et captivante !

Etiqueté par Ysabel :

Ce soir marque donc mes retrouvailles avec Izia, avec un peu d’appréhension, je dois l’avouer. Car, après la jolie claque et la belle surprise de sa découverte à L’Usine en 2010, j’ai été beaucoup moins emballée par son dernier album, La Vague. Non, vraiment pas fan de son virage Pop-Electro. Surtout après avoir été autant embarquée par la première partie de soirée assurée par la belle Raphaële Lannadère. Mais attendons de voir, d’entendre surtout et voyons ce que tout cela peut donner en Live.

Décor de néons inspiré du visuel de son dernier album. Cinq musiciens pour assurer le show. Et voilà Miss Izia qui arrive sur scène en dansant … Tout cela dans l’ombre et pas mal de fumée. Avec bien entendu du déhanché en veux-tu en voilà 😉 Toujours aussi pleine de vie, de caractère et surtout de son sens de la répartie, déjà mis à l’épreuve quand elle est interpelée par un franc « Va te faire enculer ! » lancé par un charmant spectateur ! Oui, ça commence fort.

Dès la première, donc, elle saute déjà sur place, bien moulée dans son mini short et son haut en cuir … Par contre, elle me parait bien loin la rockeuse de L’Usine. Là, on est clairement passé à une reine de la Pop trop lisse (Aïe, c’est un peu ce que je craignais après l’écoute de son album). Mais voyons voir et laissons sa chance au produit, comme on dit chez moi 😉

D’ailleurs, y’a pas à tortiller : dès qu’on en revient à des titres plus anciens, je le retourne bien son esprit Rock. Celui qui lui donne l’occasion de nous lâcher une voix qui me fait carrément plus triper. Et est-ce qu’il y en a qui étaient là en 2009 ? Parce qu’elle leur paye des coups jusqu’à 5h du mat’ ! Mais il faut le billet pour le prouver hein (oui mais ça, il fallait prévenir par contre. On ne se balade pas avec non plus). En tous cas, cette alternance entre les nouveaux et les anciens morceaux montre bien le fossé qu’il y a entre eux. Et si on fait le grand écart comme ça toute la soirée, ça ne va pas forcément être évident de suivre le fil déroulé par la belle. Ceci étant, ma foi, il est clair que les premiers rangs ont tout leur compte de shake your body !

Les garçons ne sont pas prêts ?! Pas grave. On va la faire à capella mon pote. Du coup, le pauvre Guillaume Zeller s’énerve derrière son clavier et elle va le consoler : « Putain de machine ! Vous voyez, l’humain a encore de l’espoir !! D’ailleurs : baissez vos téléphones de merde ! » Et elle en prend même un pour le lécher, avec la grippe en prime prévient-elle 😉

Sur ce, elle a une idée. Celle du futur parait-il : un canon de clappe, « comme vent frais, vent du matin, mais avec les mains ! » Ok. Pourquoi pas. Après, reste la chorée façon aérobic … Non, toujours pas fan. Mais il faut reconnaitre qu’au final cela va plutôt bien avec la musique. Et quand elle passe au clavier pour You, elle rattrape bien joliment son faux départ, même si je ne suis toujours pas emballée par cette musique, que je trouve définitivement trop facile et globalement décevante. Par contre, j’aime beaucoup cette image qui apparait d’un coup, de Louis Delorme debout à contre jour derrière sa batterie.

Elle s’assoie les jambes écartées sur un retour, avant de commencer Lola … Et re-aïe. Putain, je n’arrive vraiment pas à accrocher. Ni à la musique, ni à cet espèce de personnage qui se la pète un peu qu’elle s’est inventé. Je n’arrive pas à y retourner la spontanéité, la fraicheur et la sincérité de l’Izia qui m’avait tant séduite il y a 6 ans. Je ne sais pas. C’est un peu comme si je restais juste devant la porte, sans parvenir à entrer dans son nouvel univers. Même s’il est indéniable qu’elle se lâche de plus en plus au fil du Set, ce qui est plus plaisant à voir.

Mais voilà, la pauvre Izia a des soucis de collier, de synthé, de retour … Bref, c’est un peu décousu comme concert, il faut bien le dire. Je comprends tout à fait qu’elle n’y puisse pas grand chose, mais bon. Surtout quand elle trouve que le public ne reprend pas assez avec cœur à son goût. D’ailleurs, elle aiguise avec malignité la salle, et ça c’est sympa. En nous avouant qu’il y a une rumeur qui circule sur Marseille, qui n’aurait pas le public le plus … Pourtant, l’Espace Julien serait, selon elle, en train de défoncer les bretons 😉 Pas logique, mais amusant. En un mot, elle fait tout pour mettre l’ambiance avec sa voix grippée et elle semble bien kiffer tout cela. Nous proposant, pour la rejoindre, de renouer avec l’animal qui est en nous… Oui… Mais c’est cruche que ça n’en peut plus, et je commence à penser que je suis au bout de ma vie (spéciale dédicace à une Alexiane qui se reconnaitra !)

Elle part papouiller son batteur, pour ensuite attraper une paire de baguettes et frapper avec lui, avant de venir les jeter dans la salle. Elle se touche le corps, se tripote les cheveux, bouge son boule et écarte les jambes aussi souvent qu’elle le peut … Bref, la demoiselle est certes charmante, mais le sait franchement et s’aime sans doute beaucoup. En plus, pour la dernière, Guillaume doit encore faire face à des soucis de machine … Décidément, on dirait bien que c’est tout simplement la soirée de la loose pour eux, même si elle sait rester tout rigolote dans son côté rebelle, avec son « Merci Marseille ! Bonne fin de soirée à tous. Ne vous calmez jamais !! » Alors oui, vous l’aurez compris, je suis fondamentalement touchée par cette gamine qui semble encore se chercher un peu, mais Izia, s’il te plait, arrête de te caricaturer et recommence à chanter du Rock, du vrai. Comme du temps où tu balançais les micros dans tous les sens !

Quand à la reprise pour les rappels, elle se fait hélas en mode Dance Machine. Et qu’est-ce que je vois dans la fosse ?!? Et bien la jolie vague de bras, comme pour un concert de Vanessa Paradis ! Juste avant le petit jump collectif pour « La Vague qui te ramène »… Izia jouant du méllotron comme elle boxerait. Sûrement le moment le plus sympa de la soirée. Juste dommage que ce soit celui des rappels. Elle se lâche. Engueule le batteur d’être parti. « D’où tu quittes ta putain de batterie ? Joues nous un putain de truc ! Vous me donnez chaud Marseille. Vous me donnez pas envie d’être protocolaire Marseille ! » Référence sans doute à l’heure proche de minuit. Et là, elle nous sort une impro que j’intitulerai Lâche Ton Portable, Redeviens Un Être Humain (oui, elle a un vrai souci avec les smartphones apparemment). Et le truc, c’est que ce n’est ni pire, ni mieux que ce qui est sur son dernier album ! Pas sûre que ce soit bon signe…

Elle commence alors l’apologie de l’importance de faire un peu ce qu’on veut parfois. Elle a reçu cette philosophie de vie de son père, qui l’a lui-même reçu de son père, et qu’elle compte bien transmettre à ses enfants, sans aucune démagogie nous dit-elle. Et puis elle aime la cohabitation ce soir des jeunes, des vieux, des 7 familles (oui, oui). Parce qu’il faut boire des coups, parler musique, bonheur et puis parce qu’elle nous aime (c’est gentil ça). Bref, elle est émue et sincèrement touchante. C’est brouillon. Oui. Mais très touchant (vous voyez que je ne suis pas si méchante !) Ça jump, ça jump … Et je me dis vraiment qu’on aurait dû ne venir voir que ces rappels au final. Elle descend dans la salle, et va se balader, jusqu’au fond hein ! Se retrouvant même, à un moment, perchée sur la barrière de la console, avant de remonter de son petit tour pour saluer, bras dessus-dessous avec ses musiciens, en nous laçant : « Je ne crois pas avoir fait ça depuis mes 18ans ! » (qui ne sont pas bien loin jeune demoiselle).

Pourtant, rien n’y fait, le public de l’Espace Julien ne compte pas en finir tout de suite. Ok. Il est minuit, mais Ok ! Ce sera donc une petite reprise de Niagara, avec un joli passage à capella, sans micro. Bon ben il fallait donc vraiment rester jusqu’au bout pour ne pas rester sur le sentiment d’un truc pas forcément réussi, et ses larmes à la fin du morceau sont vraiment sincères et très touchantes, encore une fois. Izia, selon ses mots, touchée de sentir un public jamais acquis pour elle. Alors une toute dernière pour la route, non sans avoir remercié une nouvelle fois ce public qu’elle estime avoir beaucoup de chance d’avoir … Et c’est là que je la retrouve et que je la préfère tellement, sautillant sur scène comme une gamine, plutôt qu’en train de se regarder vivre et de se scénariser, comme elle l’a fait jusque là. C’est comme cela qu’elle est vivante et vraie. S’excusant même d’être trop émotive … « Mais Fuck ! »

 

Composition

  1. Hey
  2. So Much Trouble
  3. Autour De Toi
  4. Bridges
  5. Twenty Times A Day
  6. You
  7. Lola
  8. Les Ennuis
  9. Reptile
  10. Penicilline
  11. Disco Ball
  12. 1er Rappel : La Vague
  13. Lâche Ton Portable Redevient Humain (Impro)
  14. Let Me Alone
  15. 2nd Rappel : Pendant Que Les Champs Brûlent (Niagara)
  16. Tomber

Site de Production

Date Limite de Consommation

  • Album défendu : La Vague

Ingrédient

  • Izia Higelin : Chant, Machine & Clavier
  • Sebastien Hoog : Guitare
  • Vincent Brulin : Basse
  • Guillaume Zeller : Clavier & Guitare
  • Charles Templier : Machines
  • Louis Delorme : Batterie

Remerciements

  • Vivian @ La SAS

Appellations d'Origine Contrôlée

Un de nos Instagrams de la Soirée

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Izia

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  • rajoute :
    à 12 h 30 min

    Pour avoir assisté à ce concert, j'y ai passé un excellent moment. Mais contrairement à vous, j'ai plus aimé ce 3ème album que les deux 1ers, que je connaissais peu avant la sortie de La Vague. Par ailleurs, ce dernier album m'a accompagnée dans des moments personnels difficiles, le voir jouer sur scène a été libérateur pour moi. Je trouve que la voix d'Izïa est mieux mise en valeur, et qu'elle mûrit sans rien perdre de sa belle énergie. Bref, elle m'a conquise, je reviendrai !

    • rajoute :
      à 14 h 23 min

      Merci de ce partage Laurence :) Et même si je ne suis pas conquise par son nouveau style musical, il est clair que Izia est un sacré petit bout de femme !! Mais j'aime vraiment le Rock et là, il m'a manqué. On a tous des musiques qui nous collent au chœur et au corps (comme le chantait Voulzy) et c'est pour cela que partager des Lives avec les artistes qui nous touchent sont des moments à part. Beaucoup de gens dans la salle étaient très heureux de le partager ce moment et c'est le principal. Alors rendez-vous au prochain concert d'Izia dans le Sud, où nous seront peut-être au diapason ... Qui sait ;)

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