« RavenEye Nina Hagen »
01 novembre 2015

Cirque Plume @ Silo (Marseille)

Les pieds dans les étoiles et la tête dans lune...

Conditions de mise en boîte

Librement dans la salle.

Chronique

Etiqueté par Arnaud :

Aller au cirque un Dimanche : voilà bien une idée cocasse pour des adultes sans jeunes enfants !  Et si le mot Cirque renvoie irrémédiablement vers « Clown », « Elephant », « Lion » ou « Trapèze », il est souvent associé avec un moment agréable, mais avec l’âge on oublie hélas la magie. Mais ce soir, point de Pinder, Gruss ou autre Barnum : non, ici on accole Cirque à Plume. Et ça change tout !

Je rentre donc dans la salle du Silo, impatient comme un gamin. La salle est déjà bien pleine et les yeux écarquillées des enfants se mélangent à ceux, plus ridés, des parents ou grands-parents. Tous regardent le gentil bordel sur scène, comme ce piano suspendu, cette bouteille pendu à une corde ou encore ce bidon en acier couché sur le devant de la scène. Oui, le Cirque Plume c’est de la poésie avant tout, mais dans laquelle l’urbain a sa part de magie et de beauté.

Beauté et Grâce seront d’ailleurs définitivement les maîtres mots de la soirée. S’il y a de multiples performances physiques et artistiques, prouvant que le terme Cirque n’est pas usurpé, ce n’est absolument pas ce que la troupe souhaite mettre en avant ! Non, ce soir personne n’applaudit sur un double saut périlleux arrière carpé ; les applaudissements font suite à des « Ouahhh comme c’est beau !! » qui sortent de bouches de 8 à 60 ans. Et compte tenu du nombre des claps de paires de mains, c’est sacrément beau comme spectacle !

Je ne dévoilerai rien du déroulé, même si je pense que l’on peut le voir 10 fois sans en avoir fait le tour. Donc oui, il est cocasse d’aller au cirque un Dimanche, mais pour autant, ce fut une idée lumineuse !

Etiqueté par Ysabel :

Pour notre séance du Cirque Plume au Silo … Beaucoup d’enfants bien sûr. D’autant plus pour ce dimanche en « Matinée ». Et devant nos yeux, déjà en place une très jolie scène, emplie de poésie : Une boule de verre qui fait le balancier au dessus d’un décor un peu fait de bric et de broc, comme en préparation, avec un piano suspendu dans les airs … Je sens que le rêve va être de mise en cette fin d’après-midi.

La magie même est le bon mot, quand commence un pianiste debout, comme accroché à son instrument, sa compagne sortant d’un bidon placé à côté de lui, bercés tous deux par la voix d’Arthur H… Un numéro burlesque comme on dit. Mais surtout plein de tendresse. Les costumes sont simples, colorés et vraiment très beaux. Tout est beaucoup dans le visuel, bien sûr, mais infiniment poétique et accompagné des rires cristallins des enfants … Voilà en quelques mots ce que peut être Le Cirque Plume. Je scrute du regard tout ce qui m’intrigue. M’amuse à reconnaitre au passage, parmi les saltimbanques, un visage connu : celui de Julien Chigner, également saxophoniste de Broussaï 😉 Et je me demande surtout quelle drôle de machine infernale peut bien cacher l’espèce d’étrange tente, dont les pants s’entrouvrent par moment, pour en laisser apparaitre quelques bribes.

Une sorte de Monsieur Loyal, limite hystérique, introduit une trapéziste flamenca. Un orchestre de cuivres prend place autour d’elle, comme si les musiciens étaient les seuls et privilégiés spectateurs de ses prouesses acrobatiques … Puis une batterie, émergeant de la curieuse machine du début, s’en mêle. Suivie du piano redescendu sur la terre ferme et d’une guitare, pour un Smooth Jazz entrainant, alors que la belle accompagne ses rotations des mouvements de sa longue jupe, dont les volutes donnent encore plus de grâce à ses gestes … Sorte d’oiseau gracieux, mi au sol, mi volant.

Interlude clownesque, sous sa forme la plus moderne, pour réveiller notre âme d’enfant, et nous voilà repartis pour la poésie de la jonglerie façon Plume. Orchestre de joueurs de verres et équilibriste … Numéro encore une fois fantasmagorique et des plus propices à la rêverie … Que la musique soit jouée au doigt, au marteau ou au clavier : c’est toujours purement féérique. Tout est extrêmement sobre, de leurs tenues élégantes aux couleurs douces pastels, à l’imagerie qu’ils nous offrent : c’est juste le parfait équilibre. Les évolutions sont lentes et les pauses emplies de la plus pure des grâces. Jamais rien d’ostentatoire. Ni paillettes, ni superflu.

BodyBox et claquements de langue : nous voilà partis pour un drôle de cours de chant et la formation d’une bien belle chorale. Avec même des démontages de scène entre les tableaux, qui sont prétextes à de la fantaisie. Tous les numéros sont le fruit d’une imagination incroyable, comme cette magnifique marche, où les personnages de croisent et se re-croisent. Amusante et tendre à la fois. Farfelue et drolatique. Absurde et pleine de sens. De toutes petites scènettes de vie accompagnées du piano, d’un accordéon et d’une trompette … Tout simplement et en un mot : très beau.

Interlude d’un duo « Le vieux qui explique la vie au jeune », que nous allons retrouver plusieurs fois au cours du spectacle, auquel va s’enchainer peut-être un des plus beaux numéros pour moi : « La petite Valse de Robert » ou les aventures d’un violoniste malchanceux et un peu spécial. Un numéro incroyable et lunaire, comme je les aime. De toute façon, tous ces tableaux qui s’enchainement apportent chacun leur part de surprise de poésie. Comme notre charmant Mick, clown à l’accent britannique et équipé d’un klaxon, acrobate à ses heures, qui nous offre un moment juste génial.

Séance de psy et de musique militaire de Max et Pierre. Equilibre et ombres chinoises sur un magnifique air de Blues, chanté de voix de maître … Et nous voilà devant une véritable chorégraphie sur un fil, les musiciens ayant pris place dans l’ombre, juste avant que le rideau ne tombe pour nos yeux. Mais que d’imagination artistique ! C’est divin. Et puis j’adore ce clown qui récupère le balancier et qui entreprend de devenir équilibriste à son tour, mais qui ressemble plutôt à une chouette perchée, et qui finit par y arriver en plus le bougre (enfin presque 😉 !) Jeux d’ombres et de lumières vraiment superbe pour ce clown qui joue avec le soleil couchant … C’est incroyablement beau et poétique … Jusqu’aux vagues du tissu qui suit les applaudissements du public.

Mais nous n’en avons pas fini avec l’immense drap blanc qui va se transformer en accessoire de soufflerie, avec la musique qui enfle au diapason du voilage, pour laisser ensuite place à un numéro de barre, mais bien évidemment très loin de la pole danse (pas le style de la maison !). La plus grande élégance dans l’évolution musicale, toute en douceur encore une fois. Des gestes ronds, sans à coup, comme une évidence, d’une acrobate habillée d’un grand manteau … Nous laissant croire que cette suspension dans les airs n’est pas réelle.

Remballage musclé et même animal je dirais, et nous voilà parti pour un numéro de Bolas et de clappe flamenca. Un duo dansé auquel viennent se mêler les musiciens … Ils nous font rire, nous donnent de l’émotion, nous mettent des étoiles dans les yeux et de la musique dans la tête … Mais je tiens à décerner une mention spéciale à Julien, Max, Pierre et leur bidon (ils sont malades ces trois là !!)

Des femmes, un clown, Max, sa grosse boule … Et presque une otarie ! Voilà les ingrédients nécessaires à ces artistes pour réaliser un numéro d’exception, en ayant l’air de ne rien maitriser. Les enfants sont aux anges. Ce qu’il faut d’émerveillement pour passer à la démonstration de Max à la roue. Piano et xylophones aériens. Volutes de lumières qui tournent autant que son cerceau infernal. Tous leurs numéros sont à la fois épurés à l’extrême et d’une dextérité rare … Sans jamais oublier le clin d’œil de l’humour, avec en l’occurence Pierre qui lui envoie un « Tu te clame ! » à mourir de rire et un Max au torse nu impressionnant, pour le plus grand bonheur de la jeune femme qui rattrape son manteau 😉 La musique l’entraine (ou le contraire, je ne sais plus). Et nous nous mettons à frapper du pied ou à marquer des mouvements de notre tête un incroyable spectacle d’acrobatie, sur une musique de Jazz entrainante et pétillante, scandée par un sifflet très Samba, derrière un Max qui évolue avec une élégance toute en masculinité. Puis c’est parti pour la grande danse finale, accompagnée par les applaudissements d’un public ravi de chez ravi. Petit solo de chacun, musicien ou danseur, dans une jolie fantaisie ordonnée (même si Max, encore lui, manque de peu d’assommer sa voisine avec son cajón !), qui se termine par notre clown préféré qui récupère son chapeau sur sa tête depuis le pied d’une de ses compagnes de jeu.

Une fois qu’ils ont quitté la scène, c’est à nous à présent de jouer des pieds et des mains pour les faire revenir, dans une ambiance digne d’un concert de Rock. Ils vont alors nous offrir un magnifique jeu d’ampoules et de musique, tous assis au sol dans la pénombre, comme spectateurs de leur propre spectacle. Ballet de lumières, à géométrie variable, comme un dernier moment de poésie partagé. Puis ils nous quittent sur la pointe des pieds, après un dernier clin d’œil : « Si le spectacle vous a plu, envoyez vos amis. S’il vous a déplu, envoyez vos ennemis ! »

En conclusion, le Cirque Plume est définitivement et tout simplement l’expression du Cirque Autrement.

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