« Blind Cinema Sourire à la Vie »
22 janvier 2014

Grand Corps Malade @ Silo (Marseille)

Grand Coeur de Slam...

Conditions de mise en boîte

Trois premiers titres.

Chronique

Etiqueté par Arnaud :

Je me rappelle parfaitement ma première écoute de ce grand artiste. C’était courant 2006. J’étais sentimentalement détruit et Les Voyages en Train faisait un écho parfait à ma vie… Et le reste de l’album, où l’espoir transpire au travers de chaque chanson, m’avait tout autant touché. J’avais ensuite parfaitement retrouvé cet univers et été pareillement touché par son Live à l’Espace Julien en 2007.

Par la suite, et sans réelle raison, je me suis un peu détourné de son oeuvre ; mon appétit musical m’emmenait de partout et j’étais trop occupé à découvrir de nouvelle galette quasi chaque jour. Et puis… Probablement… Je n’avais pas envie d’avoir un écho à cette sombre période de 2006 quelques années plus tard.

J’ai vu son album Funambule dans les bacs, mais je n’ai pas craqué… Mais voilà cette date au Silo… Parfait moment pour découvrir l’album et me replonger dans son oeuvre.

Sourire à la Vie avait posé les bases… J’étais encore tout émotionné… Et voilà que rentre ce grand corps malade… Il nous a emmené dans son univers sans soucis. Nous voilà complètement secoués, en mode essorage, et ça durera bien 1h30.

L’évolution de l’artiste est notable et on sent la patte pop et jazz d’Ibrahim Maalouf (que nous avons pu apprécié au sein d’Interzone Extended). Fini le « simple slam », non maintenant c’est rythmé, dansant mais pas trop, et la voix devient un instrument supplémentaire, se mariant à merveille avec la batterie, la guitare, le piano et l’accordéon.

Grand moment d’émotion pour son duo avec Richard Bohringer, vieil homme que j’ai vu à la descente du TGV au retour du Lussi in the Sky. Je lui aurait alors presque prêté mon épaule tellement il semblait las et fatigué… Alors que ce soir, c’est un lion rugissant qui touche directement l’âme.

J’ai vécu un moment vraiment unique… Je regrette un peu de ne pas avoir mieux suivi sa carrière et de ne l’avoir pas vu entre 2007 et 2013… En tout cas c’est certain, je vais le revoir et le plus rapidement possible.

Etiqueté par Ysabel :

Les enfants de Sourire à la Vie quittent la scène pour laisser place aux techniciens, qui vont faire les dernières installations. Et nous, nous attendons sagement Grand Corps Malade, le cœur encore tout serré de l’émotion que ces jeunes malades nous ont laissé … Et en le préparant à toutes celles que ce concert va nous donner (Je me demande si le mien va tenir le coup).

Son arrivée sur scène et sa lente progression sont saluées par un long moment d’applaudissement. Il prend place devant son micro, debout et légèrement appuyé sur sa canne anglaise. Il envoie les trois coup comme Au Théâtre. Les lumières le suivent à chacune des frappes sur son sampler. Ses musiciens prennent place autour de lui. Tout est fin prêt … Que le spectacle commence.

Sa voix chaude et fascinante commence son Slam, avec des paroles qui vous happent littéralement. Ses deux poings sont serrés, l’un sur son micro et l’autre sur la poignée de sa béquille. Sa grande silhouette vacille légèrement sur place. Et il y a la musique aussi, qui habille ses paroles, tournant même sur La Foule de la mome Piaf sur la fin de ce premier morceau … Ça va être difficile pour moi d’écrire ce soir. Je suis déjà passé dans une autre dimension.

« Bonsoir. Je suis très très très content d’être à Marseille ! » Que dire, sinon que cela est plus que réciproque. Il rend hommage aux enfants qui lui ont offert cette belle ouverture et nous parle de la distribution des rôles … Les premiers, qui sont dans la lumière, et les seconds, qui sont tout aussi importants : « C’est vous ! » (Mais pour les cachets, il faudra voir avec la Prod 😉 !!)

L’architecture faite de chainettes métalliques qui l’entoure s’habille de lumière … Jeux de mots sur Les Lignes De La Main, lignes de vie ou de téléphone. Histoires de rien. Histoire de tout. Histoire de lui et de nous. Il nous salue : « Bien joué les seconds rôles ! »

Et maintenant, il est temps : c’est le moment de présenter un peu le personnage, toujours en équilibre … Funambule. Mais honnêtement il triche, ce n’est pas que celle-ci, mais toutes qui parlent de lui et toujours à demi mots, avec beaucoup de pudeur. Ajouter à cela un soupçon de Rock pour relever le tout et vous aurez des paroles qui me touchent et font mouche à tous les coups … « Quand je vois le public se lever, je pense à mon fils qui se couche »… « Je suis un funambule à béquilles » … Il est là l’équilibre.

Un petit tour par les classiques, mais re-visités à la façon Grand Corps Malade, avec Roméo Kiffe Juliette. Et nous sommes emportés par sa valse triste et envoûtante de ses enfants maudits, qui vont pourtant défier le triste destin de leurs ainés et gagner la vie à la place de la mort. Un beau texte d’espoir et d’amour pour tous ceux qui se méprennent sur le sens que la religion doit donner à leur vie, confondant amour de son prochain et haine de la différence. Des textes qui parlent aux hommes. Des textes que les femmes écoutent. Comme Une Evidence. Ceux d’un véritable poète, d’un troubadour des temps modernes.

Mais à présent, c’est Son Moment. Celui du monologue. Celui du Calvaire Sévère Du Poète Et De Ses Vers. Donc merci à tout le monde de quitter la scène « Aller … Laissez moi tranquille ! » Avec, selon lui, le seul jeu de mots que tout le monde comprend tout de suite : « Quitter cet univers sale » 😉 Et oui, parce qu’en plus d’être touchant à vous donner les larmes aux yeux, à vous mettre le cœur au bord des lèvres, il est drôle et brillant en plus !!

Il invite alors une jeune femme de l’association Sourire A La Vie et chanteuse de venir le rejoindre. C’est Nolwenn, une ancienne malade, aujourd’hui animatrice dans l’asso et pour laquelle il a écrit ce petit duo. Pour cette enfant qui a grandi Dans Les Vagues … Elle chante. Il parle. C’est bouleversant. Comme un pansement pour les cœurs blessés. De la lumière dans la nuit de ceux qui traversent des moments trop difficiles pour réussir à garder tous les jours leurs espoirs intacts. Tous le monde est ému, même lui qui termine par ces mots : « Ça se passe de commentaire, on va enchaîner … »

Il arpente la scène, allant voir chaque musicien. Comme si cela faisait partie de son chemin, de ses Rencontres, de son parcours comme de celui de chacun de nous. Chaque mot parle, raisonne, touche et interpelle. On ne voit que lui. On entend que lui. Il bouffe la musique et je le bouffe des yeux.

Nouveau duo, mais cette fois avec Leslie, sa pianiste. Elle chante en anglais, en alternance avec lui. Puis fin du premier acte et test pour voir si tout le monde est au taquet … Et effectivement, tout le monde y passe ! Ingé son, igné lumière, nous … Tous présents et plutôt pas mal coordonnés, même s’il ironise sur le fait que ces derniers temps, il faut faire très attention à nos gestes au niveau des bras ! Ce sera donc un test des applauses et des cris, lui le doigt levé et nous qui obéissons au doigt et à l’œil … « Sensation de pouvoir incroyable ! », celui d’un président chinois … mais pas celui d’un français 😉 ironise-t-il !!

Feed Ferbac se met aux commandes : « A toi de jouer, t’a plein de matos ! » « Mon vieux complice » … Il le regarde, l’écoute et se marre. Tout est comme ça avec Grand Corps Malade, des histoires d’amitié sincère et de grande complicité. Et ce magnifique projet de Slam qui sait faire la part belle à la musique.

Il s’installe sur une chaise en côté de scène, pour faire la Pause. Mais c’est une pause toute en force et en musique encore une fois. Une musique qui reprend ses droits et prend l’alternance avec ses mots. Le Manège tourne. Une lettre à un fils qui grandit trop vite, comme tous les enfants…

Et puis il veut nous faire partager un texte qui lui tient tout particulièrement à cœur et qui figure sur son dernier album. Un duo enregistré avec Richard Bohringer … Il fait planer le suspens : « Même quand il est pas là, on a envie de la jouer et en plus, ce soir il est avec nous ! » L’acteur et ami fait quelques pas pendant que Fabien déclame « Tonton, on va faire comment? » Un bilan bien cruel mais clairvoyant de notre avenir. Bohringer et sa voix toute déraillée qui parle-chante lui répond, avec des intonations à la Léo Ferré. Et finalement, cette solution, elle semble à portée de main … Il suffit de la vouloir et d’y croire. Leur duo fait un véritable tabac. Le public est debout pour le saluer. Et Richard Bohringer reste encore pour dire quelques mots : « Il a écrit sa part et je lui ai répondu … Et bravo à Nolwenn qui a chanté comme une princesse et aux enfants d’avoir danser comme des rois ! »

A nouveau un texte écrit comme un hommage. Une dédicace à Laurent Jacqua, qui lui a permis d’écrire sur son histoire … Fait divers, histoire noire qui rejoint la lumière quand vient enfin Le Bout Du Tunnel. Mots pleins d’espoir, comme toujours. Mots plein de vie. Une envie de vivre qu’il va nous faire partager jusqu’au dernier Slam … Entre Les 5 Sens et cette incroyable façon qu’il a de parler d’amour, à la fois animale et toute en poésie. Quelque chose de brute et de viscéral, comme peut le faire un Philippe Djian côté roman.

Et ensuite une « conversation » partagée avec son fils : Il l’a co-écrite en fait et je la partage tous les soirs. « Il ne le sait pas et il a trois ans et demi, alors on ne lui demande pas son avis ! » … Toutes les question que peut poser un enfant de cet âge, avide de comprendre, et son père qui lui répond « On va mettre le DVD de Robin de Bois » à chaque fois qu’il se trouve à court d’arguments ! Touchant, drôle et intelligent.

Mais on s’approche de la fin du concert. Et, comme il le faisait à la fin de sa première tournée, il va nous offrir Du Côté Chance, texte écrit pour remercier le public, qui va d’ailleurs se lever sur son départ. Grand Corps Malade se retourne et nous salue, le poing serré sur le cœur. Tout cela respire le vrai et le sincère. Un véritable et magnifique partage humain.

Les rappels vont être réclamés debout. (C’est beau et ce n’est pas si souvent que cela arrive). Les Voyages En Train et ses amours revues à la façon ferroviaire. Puis il taquine Nenad, pour qu’il nous fasse une intro de Lover à la guitare pour une chanson d’amour … Ma Tête, Mon Cœur… (et mes couilles !) Qui ne la connait pas ?!? On a même droit à un gros cris de rockeur sur la fin et les élucubrations de Leslie, qui part en couille (justement 😉 !!) C’est drôle. C’est magique. On se retrouve ainsi toujours sur le fil du funambule nous aussi, entre le rire et les larmes. Et comme il les aime ses intro de Lover, il en veut une autre pour les amoureux 2.0 de Tant Que Les Gens Font L’amour.

Une petite dernière pour la route, mais partagée avec Feed Ferbac, son complice de toujours. « On avait l’habitude d’enchainer avec ça quand on avait un public un peu chaud et debout comme ce soir ! » Un dernier duo avant de nous quitter pour la nuit. Inch’Allah.

Et voilà que cette soirée passée en sa compagnie est belle et bien terminée. Un concert que j’ai adoré et qui m’a bouleversée tout à la fois. De ces instants que l’on partage avec des personnes extraordinaires (comprenez par là hors du commun) et qui ne se contentent pas de juste vous faire passer un bon moment. De ces spectacles comme il y en a peu, dont on ne sort pas tout à fait les mêmes que lorsqu’on s’est assis … Avec un peu de vague à l’âme, beaucoup d’émotion et infiniment d’espoirs et d’envies.

Composition

  1. Au Théâtre
  2. Les Lignes De La Main
  3. Funambule
  4. Roméo Kiffe Juliette
  5. Comme Une Evidence
  6. Le Calvaire Sévère Du Poète Et De Ses Vers
  7. Dans Les Vagues
  8. Rencontres
  9. Te Manquer
  10. Je Dors Sur Mes 2 Oreilles
  11. J’ai Mis Des Mots
  12. Pause
  13. Le Manège
  14. Mental
  15. Course Contre La Honte
  16. Le Bout Du Tunnel
  17. Les 5 Sens
  18. « Papa Pourquoi? »
  19. Du Côté Chance
  20. 1er Rappel : Les Voyages En Train
  21. Ma Tête, Mon Cœur…
  22. Tant Que Les Gens Font L’amour
  23. Inch’Allah

Date Limite de Consommation

Site de Production

Page Officiel : http://www.grandcorpsmalade.fr

Ingrédients

Remerciements