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16 novembre 2014

Peter Gabriel @ Zénith (Toulouse)

So Peter Gabriel ...

Conditions de mise en boîte

Uniquement entre The Family And The Fishing Net et SolsBury Hill sur le premier tiers de la scène, caméra oblige 🙁

Et comme Peter a fait un petit solo avant The Family et bien ça a été compté comme un titre et les vigies nous ont viré avant SolsBury Hill où la lumière était assez magique et différente. Tant pis 🙂

Chronique

Etiqueté par Arnaud :

Je dois avouer qu’avant le concert, j’avais un peu peur : une tournée pour « fêter » la sortie d’un ancien album emblématique, cela peut être le dernier chant d’un cygne et la meilleure façon de se remplir les poches.

Mais dès les premières notes, le charisme naturel évident et l’humour de Peter Gabriel finissent de me rassurer : nous voilà en face d’une légende qui, loin de perde de sa superbe comme un Bob Dylan, est au contraire ultra créatif et probablement bouillant de l’intérieur.
Les exemples de cette imagination débordante seront multiples tout au long du concert : que ce soit par l’interprétation du Mercy Street couché au milieu d’une cible, avec la caméra au-dessus, ou encore toute la scénographie pendant The Tower That Ate People, où l’on a la gorge serrée et les yeux qui brillent.

C’est simple, par moment, j’ai retrouvé toute l’ingéniosité Live de Nine Inch Nails, me laissant même croire que Peter Gabriel devrait être dans mon coeur pas bien loin d’un Trent Reznor. Je ne compte pas le nombre de flash de ce genre, dans le choix de l’utilisation de l’écran, dans l’interaction ici et là avec les machines, dans sa façon de vivre sa musique, où le corps exprime beaucoup, et même par moment dans la musique elle-même (si, si !).

Je ne suis pas un fin connaisseur du musicien (honte sur moi), mais ce soir il m’a follement donné envie de plonger dans sa discographie et de mieux m’intéresser à cet ancien Genesis, que je connais trop peu.

J’avais déjà vécu des concerts un peu « bilan », comme celui de The Pixies en 2000 (en gala depuis des années, ce n’est pas désagréable mais ça sent le sapin) ou encore de The Cure avec leur trilogie berlinoise/bruxelloise fin 2002 puis, quelques années plus tard, la trilogie australienne/londonienne et new-yorkaise, où l’on aimerait que ce soit une étape pour autre chose et pas un éternel recommencement.

Je souhaite seulement que Peter Gabriel, lui, aille de l’avant : mais avec ce que j’ai vu, je n’ai aucun soucis à me faire.

Etiqueté par Ysabel :

Une fois n’est pas coutume : Pluie, accident sur la route (pas de nous, mais bordel) … Bref : une arrivée super à la bourre au Zénith de Toulouse, avec donc la première partie plus qu’entamée (presque terminée même !), mais qu’il ne nous était pas permis de photographier de toute façon.

Quelques mots tout de même … Deux jeunes femmes, qui vont ensuite s’avérer faire partie des musiciens qui entoureront Peter Gabriel, l’une au clavier et l’autre au violoncelle, qui chantent avec de très belles voix, simples et pures. J’aime d’ailleurs toujours beaucoup ce principe cordes/voix, surtout teinté de Rock comme ici. Très joli mélange. Elles nous annoncent un nouvel album tout juste sorti, mais hélas pas encore disponible en France. Un fort joli duo, proche d’un esprit Agnes Obel, avec tout de même une voix beaucoup plus teintée d’accents enfantins pour la claviériste, pour une musique chargée d’écho et un rendu assez féérique.

Ceci étant, nous n’aurons que leurs deux derniers morceaux pour nous en rendre compte, puisque nous sommes à peine arrivés que leur Set se termine. Les lumières se rallument et je découvre alors pleinement une salle totalement comble, avec un écran géant sur chaque côté de la scène, sur laquelle les petits bonzes, habillés de bordeaux, de Monsieur Gabriel ont commencé leur minutieuses installations. Une véritable petite fourmilière méga organisée qui s’agite. On en est là et tout est donc encore allumé, quand le maestro entre en scène avec le naturel et la grande simplicité qui le caractérisent. Il nous salue. Puis prend place derrière son piano et nous annonce que le concert de ce soir va se dérouler en trois parties … « J’espère vous servir un bon repas ! » s’amuse-t’il. Pour commencer, un acoustique « façon répétition », qui va débuter avec une chanson « pas finie » et même sans parole. Puis du savoureux en plat principal, plus électrique et électronique. Pour enfin terminer avec l’album So en dessert.

Mais pour ouvrir ce fastueux repas, il va avoir besoin de faire appel à un très vieil amis : Tony Levin (un des membres historiques de King Crimson, s’il vous plait, et à ses côtés depuis des années affectivement, avec l’enregistrement de l’album So entre autre). Ils commencent donc ainsi tous les deux et la salle toujours allumée. Silence religieux parmi le public (ce qui est rare quand le noir ne se fait pas). Et là, tout de suite, une seule chose me vient : quelle voix merveilleuse. Et quelle superbe contrebasse aussi, fluide et filiforme. D’un design juste parfait. Toute aussi magnifique que ce premier morceau, soit disant « pas fini ». Je retrouve bien là le fabuleux Peter Gabriel qui m’avait laissé un souvenir magique aux Arènes de Nîmes il y a de cela plusieurs années (2004 pour être plus précise).

Nous allons donc continuer comme ça, sur notre lancée « comme à la maison ». Juste incroyable comme idée (perso, je n’avais jamais vu ça, mais cela ne m’étonne même pas de lui). Il fallait ce fou pour y penser : nous faire assister à une sorte de répet’, tout simplement. Le public ne s’y trompe pas et adhère sans se faire prier. Les mains se lèvent et frappent. Les visages se regardent et se sourient dans le public. Un moment unique et quasi improbable.

Le Prince de la Guitare, Davis Rhodes (comme il est introduit) fait son entrée et vient les rejoindre. La voix de Peter Gabriel se fait légèrement moins cassée et s’habille de subtiles nuances. A la demande de Manu Katché, qui a investi sa place de batteur, la salle n’est plus que clappe (et ça fait quelque chose quand cela vient d’un Zénith entier, je peux vous l’assurer !) D’ailleurs, le concert commence un peu à changer de ton et, tout en restant dans l’acoustique, la douceur commence à faire place au plus vif, dans un Zénith toujours tout éclairé et nous toujours en plein bonheur. Le fond d’écran, derrière eux, se décompose en de multiples petits carrés faits de leurs visages … Une ambiance comme en noir & blanc, avec eux tous en sombre. Puis, comme sortis de nulle part, arrivent des sortes de drones lumineux au-dessus de leurs têtes (de gros bras articulés un peu flippants, nous plongeant dans un univers genre 1984 de George Orwell) … L’ambiance de la seconde partie est lancée je crois 😉 !

Au gréé des ces drôles de bras, chacun des postes musicaux s’allume, comme des cases d’un même open space. On en prend plein les mirettes à présent (comme dans tous les concerts de cet avant-gardiste inconditionnel). Lui est à présent micro en main, parcourant la scène au démarrage de Digging In The Dirt. Et mes yeux vont de lui aux écrans qui diffusent un travail digne d’un véritable film de scène (pas juste de trop faciles gros plans pour ceux qui sont perdus dans le fond de la salle). Lui semblant tellement au taquet, qu’on a l’impression qu’à tout moment il peut être capable de sauter dans la fosse !

Après la scène, c’est nous que les drones balayent de leur œil de cyclope. Lui est passé au clavier. Avec des images d’eux, comme des morceaux d’un miroir éclaté. C’est à la fois splendide et somptueux. Ils sont filmés de devant, de derrière, et de dessus … Magnifique, vraiment. En ayant pris place tout devant, on a certainement le plaisir de les voir de plus près, mais d’un peu plus loin, comme je le suis, on a droit à un spectacle du feu de dieu ! Avec un light show à couper le souffle. Et, au milieu de tout cela, cet incroyable artiste, avec qui tout semble tellement couler de source … Simple dans la perfection, avec en plus toujours une très belle manière de mettre en avant les musiciens qui l’entourent. Et hop : tout le monde se met en mode marsupilami bondissant pour Secret World !

Mais rien ne se ressemble et c’est ça qui est encore plus fort. On passe du survolté à une ambiance Electro limite strange en un battement de cil. Et moi je dis que, musicalement, l’intro de The Family And The Fishing Net, ben y’a du Nine Inch Nails dedans ! De superbes images troubles (je sais, je parle beaucoup du visuel, mais il fait réellement partie de ce concert). Un Peter Gabriel suivi par des sortes de forças de la lumière, façon caméraman de péplum … Une vision très indus, en adéquation parfaite avec la musique. C’est pour des moments comme ça qu’il faut absolument avoir vu au moins une fois dans sa vie ce mec en Live ! Une présence scénique absolument énorme ce soir, avec la géniale idée de ces énormes bras mécaniques qui semblent l’attaquer par moment, lui faisant mine de les éviter … Un truc de ouf. Et le public n’est pas non plus en reste ce soir. Hurlant de joie à tous moments, comme aux premières notes de SolsBury Hill, sur fond d’images en sépia. Tout le monde reprenant « Boum Boum Boum » avec lui, pendant que sur scène, ils se courent après en sautillant … Définitivement une magnifique ambiance que celle de ce soir.

La dernière de la partie plat de « résistance » de notre repas musical est à présent venue. Et ce sera dans un univers complètement différent, fait de cordes (avec les filles au violoncelle et à la contrebasse). Un très beau Why Don’t You Show Yourself. Juste avant qu’il ne lance : « Et maintenant, le dessert ! » De grosses basses. Du son vibrant. D’énormes effets de lumière … On va en reprendre de ce dessert, je vous le dit ! L’album So en entier donc, et dans l’ordre ! Images qui se décomposent informatiquement. Du rouge. Du bleu. Et à nouveau du rouge. Ces trois parties nous offrent vraiment trois univers bien distincts, avec trois imageries très différentes elles aussi. Juste le public qui reste le même, à chanter et lui qui tape dans son micro pour Sledgehammer, dont je revois trop bien le clip dans ma tête (quand il était encore brun et tout mince 😉 !) Ça part dans tous les sens dans une effusion de couleurs, avec même la fameuse marche lente qu’il commence seul, puis qu’ils nous font à deux et enfin à trois.

mais sortez vos Iphone … C’est le moment émotion, avec la demoiselle brune qui vient en devant de scène pour chanter avec lui le duo de Don’t Give Up. Il s’éloigne, portant une valise, puis revient pour joindre sa main à celle de sa choriste pour finir… Le public devient de plus en plus engagé, le suivant avec joie dans une extension participative de la chanson. On va de bonheurs en plaisirs. Comme avec cette superbe intro à sept voix et à capella de Mercy Street, durant laquelle il va se retrouver à chanter couché, comme au centre d’une cible, caméra au-dessus de lui, dans une ambiance bleue océan … Suivie d’un Big Time qui te file une bonne grosse claque qui décoiffe, juste après ! Puis se sont les cinq machines lumineuses infernales qui s’alignent en devant de scène, ingés au garde à vous, pour un visuel encore une fois extraordinaire, dans une lumière rouge sang qui passe en un instant au vert fluo sans crier gare. Que de trouvailles improbables et fabuleuses. Lui continuant à se balader d’un clavier à  un autre, de chaque côté de la scène. Et que dire des filles qui se suivent l’une, l’autre armée de caméras portatives sur This Is The Picture … Je suis littéralement fascinée.

Arrive pourtant la dernière de ce déroulé de So. Avec le bassiste qui fait sa grosse voix et tous qui entament ensuite avec ses compagnons de jeu la petite choré qui le fait bien, tous le sourire aux lèvres. Nous, forcément, on veut participer à la fête … Alors ce sera une immense vague de bras levés pour leur répondre. Ils restent alors là, tous ensemble sous un arc en ciel, chantant à l’unisson avec le public, avant de le saluer bien bas, avec le plus sincère des respects.

Les folles machines infernales vont ensuite repartir de plus belles, pour un rappel très Electro, la voix de Peter Gabriel complètement transformée, robotisée même, dans un univers repassé au noir & blanc. Une caméra OVNI descend alors lentement sur lui, pour ensuite se transformer en arceaux sinusoïdales qui l’entourent littéralement, l’enfermant dans une sorte de tube de tissu qui va tomber au final … C’est tellement beau que c’en est presque de la magie !

La toute dernière sera engagée, tout autant que cet artiste peut l’être. Un texte lu en français sur Steve Biko, cet africain du Sud assassiné pour son positionnement anti-apartheid, en introduction. Un hommage aux « géants sur les épaules desquels nos enfants pourront se hisser ». Un « Biko Because » sur fond de cornemuse, avec les baguettes de Manu Katché frappant militairement et inexorablement ses drums. Et surtout les poing qui se dressent peu à peu dans un public qui se veut à l’image de cet artiste messager de paix… Pour finir sur cette batterie qui reste seule, frappée encore et encore, juste accompagnée par notre chant, rien que pour lui … Et l’image de Stephen Bantu Biko qui apparait immense devant nous, pour un final extrêmement puissant. Que dire alors, sinon que ce concert restera une énorme claque dans ma vie de chroniqueuse … Milles et un Merci Monsieur Peter Gabriel.

Composition

  1. Set Acoustique : O But
  2. Come Talk To Me
  3. Shock The Monkey
  4. Family Snapshot
  5. Set Électrique : Digging In The Dirt
  6. Secret World
  7. The Family And The Fishing Net
  8. No Self Control
  9. SolsBury Hill
  10. Why Don’t You Show Yourself
  11. Album So : Red Rain
  12. Sledgehammer
  13. Don’t Give Up
  14. That Voice Again
  15. Mercy Street
  16. Big Time
  17. We Do What We’re Told (Milgram’s 37)
  18. This Is The Picture (Excellent Birds)
  19. In Your Eyes
  20. 1er Rappel : The Tower That Ate People
  21. Biko

Date Limite de Consommation

Site de Production

Page Officiel : http://petergabriel.com/

Ingrédients

Remerciements