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19 août 2014

Demi Mondaine @ Molotov (Marseille)

Demi Mondaine sans Demi Mesure !

Conditions de mise en boîte

Librement.

Chronique

Etiqueté par Arnaud :

Voir et écouter Demi Mondaine en concert, c’est un peu se replonger dans la fin des années 70, quand le Rock était purement animal et sans chichi, juste après que The Doors et son charismatique Jim Morrison aient ouvert la voie d’un autre Rock. Car non, Demi Mondaine ne va pas chercher à faire dans le conventionnel, avec un Rock un poil électro et tendance. NON ! Nous avons ici un Rock dégoulinant et sans fioritures, où l’on a le droit de cracher par terre et de crier sa rage sans demi mesure.

C’est d’ailleurs dans ce rôle que Béatrice, la chanteuse, excelle. Fermons les yeux, et l’on croit sentir l’énergie d’une Patti Smith en 1975, au moment de Horses. Rouvrons les, et c’est alors un Iggy Pop au féminin qui apparait, tout de même habillée d’une « pudeur » de femme, même si un concert seins nus ne ferait peut-être pas peur à la belle. C’est d’ailleurs tout sauf un hasard si l’iguane a offert un morceau au groupe : il a dû sentir comme un écho à son oeuvre, et comme un alter égo dans cette façon de vivre et d’exprimer sa musique.

Au côté de Béatrice, nous trouvons Mistic Gordon, guitariste plutôt discret mais tout aussi efficace. Toujours une clope au bec et dans sa bulle, ayant son attention plutôt portée à son instrument, il se fait oublier pour laisser place à ses compositions. Effet qui plus est renforcé par le peu de lumière envoyée sur son poste.

Sarah Gadrey, à la basse, est aussi très discrète, avec des yeux souvent dans le vague, comme emportée par ses lignes rythmiques. Et j peux dire que j’en ai pris des photos d’elle, qui était par contre parfaitement éclairée !!! Mais comme globalement les attitudes pouvaient se ressembler, j’en ai limité la diffusion. Mais c’est un signe : Sarah m’a hypnotisé, un peu comme Emma de Catalogue.

Enfin, je tombe forcément amoureux des femmes batteurs, tant elles sont rares dans le milieu (excepté peut-être dans des groupes « girly » sans intérêt !) Là où l’on ne voit que des chevelus mal lavés et bardés de tatouages, il y a cette « frêle personne » qui, une fois derrière ses fûts, est redoutablement efficace sans pourtant être bourrin. Un véritable régal pour les yeux et les oreilles !

A les lire, ces quelques lignes pourraient faire croire que j’ai assisté à un sombre concert Underground, où ça beugle plus que ça ne chante, où guitares et basses sont avant tout saturées avant que d’être mélodiques … Et bien enlevez-vous de cette idée de la tête : c’est le concert d’un groupe qui va grimper et qui a déjà un certains nombres de titres bourrés de potentiel, comme Paris sous la Neige (pour vous donner envie d’en voir le clip, sachez juste que vous comprendrez en le regardant pourquoi Béatrice ne devrait pas avoir peur de faire un concert seins nus 😉 ).

Et que dire également des Tempérance et Intempérance, si ce n’est qu’ils ont littéralement fait planer toute l’audience.

Enfin bon, le mieux c’est quand même d’aller les voir en concert et de vous faire votre propre avis !

Etiqueté par Ysabel :

Nous arrivons un peu avant l’heure au Molotov, ce qui va nous offrir la chance d’entendre la fin des balances … Reçus en toute simplicité que nous sommes. Ambiance un peu comme « à la maison », invités par des amis. J’aime ce côté Off que nous avons parfois l’occasion de vivre, principalement dans les petites salles (ou du moins celles à taille humaine).

Béatrice, ou plutôt Béa s’occupe de nous. Venant même partager un verre et quelques mots … Demi Mondaine est un groupe de Paris (et de sa banlieue précise-t-elle) en tournée dans le Sud en cette fin de mois d’août. Ce soir à Marseille et demain en Avignon, pour un concert dans un Club de Bikers … Une agréable petite pause avant de vraiment les découvrir, puisque pour le moment je n’ai eu l’occasion que de quelques écoutes furtives qui ont pourtant aiguisé ma curiosité.

Retour côté salle pour un petit duo guitare/batterie plus que délectable (tout cela se présente sous les meilleurs hospices). Puis la guitare seule, avant de passer à la basse, chaque instrument se chevauchant quelques instants avec celui qui le précède. Et puis tout s’enchaine et se lie comme par magie, et c’est Béatrice qui entre en scène : corps de rêve moulé dans une élégante robe rouge légèrement rétro et chaussée de hauts talons. Visage de porcelaine. Ses cheveux platine sagement disciplinés dans une coiffure savante. Le tout en joli décalage avec les tatouages de ses avants-bras et de ses mains.

Tout de suite, ce qui captive, c’est ce timbre légèrement éraillé, avec un jeu de voix fleurant en permanence avec les dissonances … Juste avant que les instruments ne viennent rejoindre sa mélodie. Un premier morceau déjà très prenant. Ses yeux à elle semblants perdu dans le vide, jusqu’à ce que son regard se pose droit devant, comme planté sur quelqu’un d’invisible dans la salle. Mistic Gordon vient en seconde voix. C’est un Rock troublant. Un Rock prenant même, orchestré par un guitariste façon vieux baroudeur, une bassiste mystérieuse et une batteuse pieds nus au visage angélique. Somptueux et surprenant mélange s’il en est !

Les enchainements se font sur le vif, ce Set qui commence étant déjà plus que captivant … Béa ondule avec la musique, chacune semblant porter l’autre. Avec son chant qui se fait onomatopées miaulantes par instant, juste avant que la danse ne vienne prendre possession de son corps au visage presque impassible, digne d’une beauté hollywoodienne.

Le morceau qui suit, Private Parts, leur a été offert par Iggy Pop … Excusez-moi du peu ! Un Rock encore plus puissant, mais tout aussi emballant. Du pur. Du prenant … Et ce n’est pas le public qui danse à présent sur place devant eux qui va me contredire. Sa voix se fait plus profonde, plus violente aussi, sur fond de guitares qui s’emballent.

A la faveur d’un escarpin rouge qui se pose sur un retour, sa robe remonte le long de ses jambes. Elle déroule à présent un poème plus qu’elle ne chante, le jouant avec ses tripes. Juste dommage qu’elle ne soit éclairée que de ce vert qui rend son teint presque cireux par moment. Mais pas grave : ça me donne juste une bonne raison pour trouver le moyen de les revoir très vite sur scène. Et ne boudons pas notre plaisir, puisque c’est Paris Sous La Neige qui est annoncé : « C’est de saison ! » lance-t-elle même. Alors que va donner Live ce clip plus que sulfureux ? Et bien un Rock tempêtant, dont les couplets pourraient être un mix entre du Brel musclé et un Gaëtan Roussel poète (je sais que cela peut paraître confus, mais c’est vraiment ce qui me vient à l’esprit), toujours servi par cette voix définitivement incroyable. La chaleur monte au propre comme au figuré quand ils se mettent à crier tous les quatre « Oh putain il y a toi ! », juste avant qu’elle termine sur ces mots : « Il n’y a pas que Paris qui soit somptueux ce soir… »

Elle fait ensuite le tour de la scène jusque derrière la batterie, enjambant ce qui barre son chemin avec la grâce d’une chatte. Puis c’est quasi du Blues qui prend possession d’elle pour un passage en anglais, Mistic Gordon venant jouer le duo vocale. En fait, tous ces morceaux se suivent, faisant clairement partie d’un même univers, mais ayant réellement chacun une couleur qui leur est propre.

D’un geste, les escarpins rouges sont dégagés et elle se retrouve dansant pieds nus. La douceur après la tempête, mais d’un calme quelque peu trompeur … Avec toujours ce feu qui affleure sous la glace. « Merci ! C’est la chanson douce du Set ». Les surprises ne sont pas finies. S’en suit un incroyable morceau, comme une chanson réaliste revisitée façon Rock : improbable et d’enfer Cayenne. Sans oublier cet Epitaphe qu’elle a déjà choisi pour reprendre les vers d’Aristide Bruant : « Si je n’étais pas mort je te baiserais encore »

Elle vire son pied de micro. Son talon frappe le sol. Elle se lâche de plus en plus, sa robe rouge remontant au gré de la danse qui l’habite de plus en plus fort et dévoilant ainsi le tatouage de sa cuisse gauche. C’est quasi un marathon niveau enchaînements. Ils se retrouvent même réunis dans un espace de la taille d’un mouchoir de poche juste devant la batterie, se démenant comme des diables pour ce qui semble être un véritable baroud d’honneur. Elle sort. Puis revient pour nous traiter de parisiens, faute d’une réponse assez musclée de notre part, avant de se lancer dans Ain’t Got No avec une de ces hargnes dans l’interprétation … Bref, ils ont beau avancer dans la soirée, ils ne perdent rien de leur mordant.

« On kiffe Marseille ! Donc on va revenir si vous voulez bien » … Et c’est à présent clairement l’amour qu’elle fait avec son micro pour accompagner la suivante, la très sensuelle et même sexuelle Colonel. Se préparant pour la suite à la façon d’un boxeur, mais tout sourire. Une intro toute en longueur pour un titre un peu plus lascif. Puis enfin  un dernier morceau qu’elle va interpréter d’une manière très animale, instinctive même, décoiffant ses cheveux d’une main désordonnée et se donnant totalement à nous. Une fin vraiment plus qu’intense, voire même physique.

Après leur départ, le public réclame un Paris bis, mais non : ce sera L’Hymne À L’Amour, faussement doux avec ce démarrage en guitare/voix … Et puis bam, on se le reprend de volée en pleine face, dans une version à la fois Rock et viscérale, digne de l’esprit fort de cette chanson intemporelle … Va-t-on se quitter sur cela ? Non. Bien sûr que non ! Nous allons l’avoir quand même notre dernier Paris Sous La Neige…

Composition

  1. Belleville Balade
  2. Zombie
  3. Private Parts (Iggy Pop)
  4. Garde Fou
  5. Paris Sous La Neige
  6. Tempérance
  7. Intempérance
  8. Jour Blanc
  9. Cayenne
  10. Epitaphe
  11. Korea
  12. Crows
  13. Ain’t Got No
  14. Colonel
  15. Vénale D’Amour
  16. Pig Head
  17. 1er Rappel : L’Hymne À L’Amour (Edith Piaf)
  18. Paris Sous La Neige

Date Limite de Consommation

Site de Production

Site officiel : http://demimondaine.fr

Ingrédients

Remerciements