« Chloé Birds Forabandit »
21 mai 2014

Détroit @ Moulin (Marseille)

Quel Horizon pour Cantat ?

Conditions de mise en boîte

Trois premiers titres dans les crash barrière, avec l’interdiction d’être face à Bertrand Cantat.

Chronique

Etiqueté par Arnaud :

Aller voir Détroit ce soir, c’est avant tout pour y voir Bertrand Cantat, un chanteur hors pair et un poète français qui a bouleversé ma jeunesse. Et puis Noir Désir, c’est juste le meilleur groupe de Rock français ! C’est en quelque sorte comme aller écouter Interzone Extended pour y voir Serge Teyssot-Gay, ou encore The Hyènes pour y voir Denis Barthe et Jean Paul Roy. Et si Interzone fut très loin du Rock mais hautement jouissif, The Hyènes fut par contre très Rock mais plutôt ennuyant. Qu’en allait-il être ce soir, sachant que l’écoute de l’album de Détroit laissait présager le meilleur ?

C’est vraiment dans cet esprit proche du pèlerinage que je me présente devant la salle et même que j’attend le groupe. Mais en fait, une fois que ce dieu vivant des années 90 est en face de moi et que je le vois tout sourire et tout plaisir, j’ai un choc ! Le drame des années 2000 m’envahit et je crois que j’ai vraiment eu du mal à m’en défaire pendant toute la soirée, me mettant mal à l’aise et m’empêchant de pleinement profiter de la musique (excellente au demeurant). Nous en savons trop sur Cantat pour ne pas y penser quand il est à moins de 10m de vous… En tout cas, j’en fut incapable.

Que puis je alors dire de la soirée ? Oui je n’ai pas passé une soirée parfaite, de celle dont je rêvais.

Oui Bertrand est heureux sur scène et ma foi la foule lui répond parfaitement, assurant une ambiance des plus bouillantes !

Oui il chante toujours aussi bien, mais pour autant je n’ai pas retrouvé son charisme d’antan : le regard est parfois dans le vide, les traits sont un peu tendus et l’énergie semble moins présente.

Oui c’est bon d’entendre du Noir Désir mais là, par contre, non ce n’est pas complètement jouissif : le Rock de Détroit n’est pas percutant, avec une guitare trop molle et une batterie pas assez guerrière et, finalement, la voix de Cantat suit la mouvance et s’en retrouve plutôt trop calme.

Oui Horizon est un bon album Live et globalement le show est de très bonne qualité, aidé par des écrans géants remplissant pleinement leur rôle et habillant parfaitement les morceaux.

Ce dernier point me laisse d’ailleurs à penser que j’ai du travail à faire pour pleinement profiter du concert : j’ai besoin de savoir si je peux (et veux) faire la part des choses et avoir un avis pleinement objectif. Pour ce faire, je me donne une seconde chance en allant au concert d’Arles en début d’été. Si je sors avec le même sentiment, alors je suis certain de ne plus avoir envie de revoir Bertrand Cantat en concert et ce, indépendamment de la qualité de sa musique. Il ne me restera alors que les albums, parce que là, c’est plus simple.

Si jamais je fais la part des choses, alors je vivrai une très belle expérience. Réponse dans quelques mois !

Etiqueté par Ysabel :

 Une mise en place vraiment très longue, après le départ de Forabandit. De longues minutes pendant lesquelles je me retrouve livrée à mes pensées … Et je ne vais pas vous mentir, ce sont plutôt de sombres pensées. Alors je vais crever l’abcès (comme ça, on pourra réellement passer au report du Live de Détroit de ce soir, que j’espère rendre le plus objectif possible). Je veux tout d’abord être claire avec le fait que je reconnais tout à fait le droit à l’oubli et à celui de refaire sa vie, après s’être rendu coupable d’un acte répréhensible et de s’être acquitté de sa dette envers la société. Je le pense vraiment. Sinon, je n’aurai même pas mis les pieds au Moulin ce soir (le voyeurisme, c’est pas mon truc). Par contre, je pense aussi que dans le cas d’un crime de sang (d’autant plus quand sa violence est extrême), un devoir de retenue et de discrétion doit aussi impérativement être de mise, lorsqu’on décide de reprendre une vie publique. Et c’est là le problème. Il faut être assez humble pour savoir trouver le juste milieu entre ce retour sous la lumière des projecteurs et le respect de la douleur de tous ceux que l’on a blessé ou meurtri. En d’autres termes, ménager la sensibilité des familles de la victime, qui n’a évidemment pas forcément envie de vous voir ou de vous savoir fou de joie de refaire de la scène et super heureux de vous y retrouver. Cantat est-il capable de s’acquitter ce devoir de réserve, pour moi indispensable à son retour à la musique ?… Je n’en suis pas sûre. Et ce sentiment va hélas être confirmé pour moi au cours de la soirée. Je vais en ressortir habitée par un fort sentiment de colère et surtout de déception. Celle de l’avoir vu, pour moi, flirter maintes fois avec l’indécence.

Ceci étant dit, je n’y reviendrais pas ou peu. Ce soir j’ai assisté à un concert, et c’est de lui dont je veux parler. De cette mise en place donc très longue, avec un film diffusé en fond d’écran, légèrement flou et en accéléré, avec des petits bonhommes qui s’agitent autour d’une sorte de grande banderole au nom de DETROIT. Dans la salle, cela tourne à la grosse impatience. On passe vraiment beaucoup de temps à les attendre (ce qui va même me donner l’occasion de faire la connaissance de Marina & Fred … Fans de la première heure de Noir Désir et fermement accrochés à la barrière). Parce qu’il faut être honnête : pour une grande partie de la salle et moi la première), c’est le Cantat de Noir Désir qu’on est venu voir, et pas forcément le Cantat de Détroit. Alors ce peut être pour des raisons différentes : on l’a déjà vu et on en veut encore; on l’a jamais vu et on se dit que même si ce n’est pas tout à fait pareil, c’est déjà ça … Bref, la démarche peut-être différente, mais le résultat est le même.

Ils entrent enfin sur scène, bras levés et tout sourire, puis prennent place derrière un écran de fumée. Ma Muse commence. Le physique a un peu morflé, mais la voix est toujours la même. Textes à fleur de peau. Silhouette que l’on devine plus qu’on ne la voit, un peu à la manière d’une apparition … Attention Bertrand, n’en fait pas trop tout de même (tu n’es pas non plus le Messie). Je reste un peu sur l’expectative … Est-ce surjoué ou sincère cette tête toute entourée d’éclairs et qui se jette déjà en arrière, dès que la musique monte ? En tous cas, une chose est claire : on est bien dans la suite logique de Noir Désir.

La scénographie est très épurée et entièrement axée sur lui (trop à mon goût) … C’est Bertrand Cantat en solo, ou bien c’est Détroit ? La question, je ne vais pas me la poser longtemps, tant les quatre musiciens qui l’accompagnent vont rester dans l’ombre et ne quasi jamais se mettent en avant, à part pour les derniers rappels 100% Noir Déz … Mais bon ça, ça s’appelle un groupe qui fait des reprises, je suis désolée.

Ceci étant, le personnage que nous avons devant les yeux de dénote pas par rapport à ce qu’on pouvait en attendre : il colle parfaitement à son rôle d’écorché vif, alternant le récit au chanté, faisant vibrer sa guitare parfois jusqu’au raz du sol, juste avant que les mots n’emplissent à nouveau l’espace … Bertrand Cantat est bien parmi nous ce soir. Tout se déroule comme une évidence. Peut-être quand même un chouilla moins Rock que ce que je m’imaginais … Pour le moment quelques sourires au public de-ci de-là, mais pas un seul mot (peut-être dans l’attente de la fin de la session des photographes pour s’exprimer pleinement).

A chaque morceau de Noir Désir (et il va y en avoir beaucoup !), la salle emboite le pas immédiatement. Des images un peu trash défilent derrière lui. Il prend de l’assurance dans l’attitude et même les lumières ont changé. Comme une sorte de réveil … Il fait partager sont plaisir d’être à nouveau à Marseille, pas revu depuis si longtemps. On enchaine sur Lazy et là, franchement, au-delà de l’accent anglais qui est loin d’être au top, je trouve tout cela franchement un peu mou. Alors oui : ça reprend dans le public (d’un autre côté, c’est pas super dur à retenir !) et ça dure, ça dure … Mais, pour moi, en tombant dans la facilité d’un auditoire tout acquis. Avec aussi des effets de voix et de guitare quand même dans l’ensemble assez Bof.

Tout est très théâtralisé. Trop pour moi en tous cas. En plus, il fait une chaleur à crever (même au fond et avec les portes ouvertes). Et là, on part pour moi dans du grand n’importe quoi (avec cette totale absence de retenue que j’aurais justement vraiment espéré de sa part) : entre autre, une spéciale dédicace à Steve Mandanda (même si, je cite, pas trop marqué de but contre Bordeaux … Bon, Ok, super. Perso, je m’en tape qu’il aime le foot), ce qui conduit l’éclairagiste à tout éteindre tout en guise de représailles et en signe de soutien à l’OM. Très à propos tout cela. Sur ce, on enchaine sur un morceau annoncé comme « très agressif ». Des images en noir et blanc continuent à défiler en accéléré. Les coups cinglants de sa guitare cassent à chaque fois le rythme, à intervalles réguliers … Enfin un peu de vie sur scène, mais en fait on est déjà, avec ce Lolita Nie En Bloc, quasi à la fin du Set principal.

Douche de lumière sur lui. Extrêmement et définitivement très One Man Show que ce concert. Très décousu aussi. Moi, je ne m’y retourne pas entre des nouveaux morceaux fait de styles et d’inspirations trop diamétralement opposés pour moi. Et des reprises en veux-tu en voilà au milieu, jouées avec bonne volonté, mais surtout avec un cruel manque de conviction et d’énergie. Après : oui, bien sûr, sa voix si particulière qui s’élève et se casse si parfaitement est touchante et fait mouche … Mais tout cela me laisse un franc goût de concert décousu. Manque aussi, sans l’ombre d’un doute, le talent de composition (et même de musicien je dirais) d’un Serge Teyssot-Gay, dont (je suis désolée) un Pascal Humbert n’arrive pas à la cheville. Manque surtout un vrai univers. Parce que celui-ci ne m’absorbe définitivement pas assez pour ne pas trouver de mauvais goût la petite valse entamée avec le mec du son, juste avant de quitter la scène pour la première fois, mort de rire et laissant tous les autres sur scène qui, une fois seuls, vont pourtant et pour la première fois prendre vie.

Encore une fois la pause est longue. Très longue. Je l’appelle comme ça, parce que je ne vis pas du tout une demande de rappel (un comble pour une salle qui affiche complet et qui devrait être au taquet). Premier morceau très intimiste : voix, guitare et violoncelle … Droit Dans Le Soleil. On va d’ailleurs rester dans cet esprit acoustique pour le second, mais en anglais cette fois … Mais perso, je ne suis pas fan de l’esprit ballade avec sa voix. Encore une fois, je n’arrive pas à entrer dans son truc. Puis montent des basses presque gerbantes. Des images plutôt hot. Du rouge et encore du rouge. Je suis de plus en plus mal à l’aise et j’ai de plus en plus de mal à savoir quoi penser de tout ça. Par moment, sur Sa Majesté, on frôle même le Philippe Katerine … avec une éructation finale des plus improbables.

Bref, j’en suis là de mes réflexions quand on atteint, pour moi, le summum du mal à propos, avec tout de même cet homme que j’imaginais « brisé » entonner Ah Putain Qu’il Fait Chaud ! Heu, comment dire … Pour moi c’en est vraiment trop ! Je prends quand même sur moi pour ne pas sortir de la salle et c’est là qu’il annonce : « Bon, deuxième partie ». Tout le monde crie. Effectivement, ce ne sera plus Que du Noir Désir jusqu’à la fin. Le Pire, c’est que ce sera sur ces derniers morceaux que je me sentirai le plus « satisfaite ». Et c’est certainement bien là le problème : j’ai sans doute eu le tord de venir chercher un ersatz de ce groupe qui fût, pour moi comme pour beaucoup, mythique. Mais je dirais que je ne suis pas la seule, aux vues de l’ambiance qui règne à présent dans la salle. Les lumières, le son (quoi que toujours un peu en deçà) : tout est là. Le sol tremble. Le public hurle. Des filles sont montées se percher sur les épaules de leurs copains. Les poings se lèvent … C’est presque comme si le concert avait commencé depuis deux chansons et c’est aussi, pour la première fois de la soirée, un véritable groupe que je vois sur scène : tous autour de la batterie, pour un final comme j’aurai voulu le concert sans doute.

Cette fois-ci, un rappel et un vrai. Cantat revient en lançant : « Putain Marseille il fait chaud merde ! » et enchaine sur la demande à son bassiste de raconter une blague (Bonne idée !! On avait pas eu ça encore, dans le genre pas forcément de bon goût). Puis il présente tout, tout le monde … Alors effectivement, c’est plutôt sympa de n’oublier personne, mais c’est à se flinguer tant c’est long (un mec à côté de moi lance même : « Et sinon, le nom de la dame pipi … Non ?!? ») Mais ils finissent par reprendre avec Le Vent Nous Portera, évidemment chanté et repris par la salle entière. Images comme vieillies d’eux en fond. Lui qui jouant le suspens et les prolongations.

Le public en réclame encore un peu et lance des titres de partout. Mais ce qui domine, c’est Des Armes. « Mais alors il faut la répéter celle-là » répond-il. Tout le monde chante et chantera aussi Comme Elle Vient. Lui n’a même plus besoin de le faire. Ils n’ont d’ailleurs plus non plus besoin de jouer. Juste la salle qui chante et, de ce qu’on peut voir des premiers rangs qui apparaissent à présent sur l’écran en arrière : ça y va franchement. Un final musclé donc. Un long salut aussi. Beaucoup d’applaudissements … Mais pas les miens. Désolée, mais le cœur n’y est pas. Comme il n’a pas pu l’être de la fête depuis bientôt 2 heures…

Composition

  1. Ma Muse
  2. Horizon
  3. Des Visages Des Figures (Noir Désir)
  4. A Ton Etoile (Noir Désir)
  5. Le Creu De Ta Main
  6. Lazy (Noir Désir)
  7. Terre Brûlante
  8. Le Fleuve (Noir Désir)
  9. Lolita Nie En Bloc (Noir Désir)
  10. Ange De Désolation
  11. Null And Void
  12. 1er Rappel : Droit Dans Le Soleil
  13. Glimmer In Your Eyes
  14. Sa Majesté
  15. Fin Du Siècle (Noir Désir)
  16. Tostaky – Le Continent (Noir Désir)
  17. 2nd Rappel : Le Vent Nous Portera (Noir Désir)
  18. Des Armes (Léo Ferré)
  19. Comme Elle Vient (Noir Désir)

Date Limite de Consommation

Site de Production

Site Offi­ciel : http://www.detroit-music.com

Ingrédients

Remerciements