« Perez Tindersticks »
09 mars 2016

Rokia Traoré @ Cargo de Nuit (Arles)

Rokia Traoré entre deux Oh !

Conditions de mise en boîte

Les 3 premiers titres, sur le côté, sans déranger ni le public, ni les artistes.

Chronique

Etiqueté par Arnaud :

Le dernier passage en Arles de Rokia remonte à Juillet 2013, quand elle a fait vibrer tout le Théatre Antique. C’était un concert merveilleux, durant lequel la musicalité et l’émotion ont culminé tout au long de la soirée. Seuls les artistes d’exception sont capable d’une telle prouesse, et revoir cette icône malienne dans l’intime salle du Cargo de Nuit est forcément un l’évènement à part. C’est même un honneur et un privilège que de vivre un tel moment, avec une telle grande dame à portée de main !

La soirée sera d’ailleurs largement à la hauteur de l’évènement et, comme en 2013, nous aurons vécu une énorme communion entre le public et les artistes. Chaque vibration de cordes (vocales, de guitare ou de basses) recevant en retour une onde de plaisir, d’un public plus que conquis et surtout heureux d’être là.

Personnellement, je ne comprendrais pas grand chose des paroles… Mais est-ce grave tant la musique en elle-même me remplit de bonheur et de l’envie irrésistible de danser et de chanter ?

Oui, ce fut une bien belle soirée… L’une de celles qui resteront profondément gravées dans les mémoires.

Etiqueté par Ysabel :

De très beaux N’goni, entre guitare et kora, alignés dans un rack, sur le côté gauche de la scène. Une batterie avec beaucoup de cymbales. Deux guitares qui attendent sagement … Une scène bien occupée, donc, et pourtant plutôt épurée. Qui contrebalance bien avec la salle qui, elle, est bien remplie … Oui, le Cargo de Nuit est prêt à accueillir la belle Rokia Traoré.

Et quand ils prennent place, je remarque que le mot d’ordre vestimentaire semble être : beaucoup de couleurs (avec même un tissu identique qui se retrouve sur la jupe de la choriste et sur l’ensemble porté par le bassiste) et des baskets pour tous ! Sauf pour Rokia, qui préfère rester les pieds nus. C’est elle qui commence seule d’ailleurs. Juste sa voix et la guitare. Une voix magique, qui s’élève tout en douceur… Voilà, c’est Mayé qui marque le départ de notre voyage vers le Mali, guidé par la plus merveilleuse des portes étendards des femmes de ce pays. Un chant comme une histoire contée. L’histoire de Son Mali. Avec Stephano Pilia qui semble parvenir à transformer sa guitare en sampler … Une histoire comme au fil de l’eau du fleuve Niger.

Elle prend quelques minutes pour nous dire bonsoir et nous remercier d’être venus. Difficile même pour elle de trouver des mots assez grands pour décrire son plaisir d’être là, ajoute-t-elle. Et, quand elle reprend sans sa guitare, tout son corps ainsi que ses mains se mettent à danser avec elle, alors qu’un languissant mouvement de balancier gagne peu à peu musiciens et public. Et puis, au détour d’un couplet ou d’un refrain, elle se met à rire, nous attrapant ainsi les oreilles, le cœur et l’âme. Allant parfois chercher des notes très hautes, donnant de la puissance, soufflant le chaud et le froid, mais avec toujours la même grâce. C’est exactement ce que je ressens : un véritable état de grâce. La musique nous prenant tous dans son rythme tourbillonnant. Juste avant d’être saluée par un véritable tollé d’applaudissements.

Retour de la guitare pour nous interpréter deux chansons en français. Elle est lumineuse avec ce sourire toujours aux lèvres. Son visage, au fil des mots, prenant pourtant parfois un air grave. Chansons d’amour, emplies de vie et de joie, quand les paroles, elles, sont emplies d’émotion. Avec encore une fois la guitare de Stephano Pilia qui nous offre un son unique.

2014 : 5 500 000 personnes ont du fuir leur maison. Encore des réfugiés de plus. Des victimes de la guerre. Et son visage s’empli de tristesse, à la manière d’une madone ou d’une piéta, devant un public qui l’écoute religieusement … Pourtant, elle réussi encore à nous transmettre un message d’espoir. Comme dans Mélancolie, chanson dans laquelle elle met paradoxalement tant de gaieté. Sachant apprivoiser ce sentiment triste, en l’invitant à danser avec elle, avec nous, sur un superbe solo de basse.

Selon les morceaux, Rokia Traoré et Bintou Soumbounou s’alternent au chant. La voix faisant seule une mélodie qui se joue des rythmes. Chaque musique étant une incursion dans des inspirations différentes, allant du Jazz au Rock. Ce qui nous permet d’y retrouver à chaque fois mille et une couleurs … Mais en lui insufflant à chaque fois leur vitalité. Leur soif de vie.

Matthieu Nguessan lui glisse quelques mots. Elle rit et lui répond : « Oui ! » Puis les voilà repartis sur les chapeaux de roues. Sa voix à elle tirant sur le rauque du Blues par moment. Lui sautillant d’un pied sur l’autre, entrainé par le rythme d’enfer de Beautiful Africa, à grand renfort de pédale wah-wah. Et c’est encore un autre univers qui se superpose aux précédents et qui nous embarque, nous et ses musiciens justes énormes ! Sans oublier tous ces sourires. Ces jolis rires. Et ces remerciements nombreux.

Puis elle pose sa guitare pour la seconde fois et s’émeut d’un compliment qui lui est lancé par un spectateur, en lui répondant par un « La vie est belle. C’est vrai ! On est tous beaux. C’est magnifique ». S’enchaine alors une sorte de monologue sur la beauté de la vie, le zen et l’art de ne rien faire. Juste quelques mots qui dansent autour d’elle. Rokia chantant à présent quasi hors micro et accompagnant ses mots par de larges gestes de danseuse. J’adore quand elle est aussi libre de ses mouvements (même si je l’aime évidemment aussi à la guitare). Elle danse. Nous sourit. Sourit à la vie. Virant le micro pour danser plus à son aise, le visage lumineux … Elle est tout simplement magnifique. Enchainant, micro en mains. Nous parlant de notre monde et de sa diversité. De l’homme et de sa recherche du toujours plus. Sachant que ce qui compte : c’est l’espoir. Parce qu’elle aime en parler et l’écrire aussi. Le plus souvent en bambara, sa langue maternelle. Mais aussi, sous l’inspiration de son amie et romancière Toni Morrisson, en anglais. Elle a d’ailleurs envie, ce soir, de nous le lire un texte plutôt que de nous le chanter : « One day, One World, One destiny, One thing to never forget … Respect ». Des mots qu’elle fait tourner en boucle et qu’elle nous fait répéter avec elle, jusqu’à ce que la musique reprenne et que tout se termine comme une fête, dans laquelle scène et salle ne font plus qu’un. Elle, dansant de toute son énergie, avant de nous quitter, suivie de sa choriste qui suit le même scénario … Laissant le public du Cargo entre les mains expertes de ses musiciens qui se font un max plaisir.

Ils reviennent tous les six, sous des applaudissements très fournis. Et Rokia Traoré nous remercie encore une fois par ces mots : « Merci pour le rappel. On revient avec beaucoup de plaisir ! », en nous proposant deux morceaux en un. La reprise de Tassi Dôni (un standard du Mali), mêlée à  celle d’une des chansons de Salif Keïta (son artiste malien préféré) … Mais attention, si nous avons l’occasion d’aller le voir jour : nous en aurons pour toute la nuit ! Parce que lui, il ne s’arrête plus quand il est lancé. Sa musique, c’est sa vie. Et pour lui rendre hommage, elle nous donne toute sa voix, toute sa force, toute sa foi en la vie et toute la puissance de son espoir. Terminant à capella et à deux voix avec Bintou Soumbounou, sans micro. Tout en beauté et en pureté, comme elle … Oui, Rokia Traoré est définitivement une artiste vraiment rare et fabuleuse. Elle nous l’a encore prouvé ce soir.

Composition

  1. Mayé
  2. Koté Don
  3. Tu Voles
  4. Amour
  5. Né So
  6. Mélancolie
  7. Kenia
  8. Obiké
  9. Beautiful Africa
  10. Ô Niélé
  11. Ilé
  12. Zen/Respect/Lalla
  13. Rappel : Tassi Dôni/Sé Dan

Site de Production

Date Limite de Consommation

Ingrédients

Remerciements