« Susheela Raman -M- »
21 juillet 2014

Esperanza Fernández @ Théâtre Antique (Arles)

Une petite fille de Triana en Arles.

Conditions de mise en boîte

Librement.

Chronique

Etiqueté par Arnaud :

Si je n’aime pas plus que ça le Flamenco (pas taper), c’est à chaque fois une sublime soirée que je passe avec Les Suds à Arles. Et une fois encore, le flamenco proposé est, pour moi, accessible et émouvant !

Esperenza est follement expressive, que ce soit en chant ou en danse, à la fin du concert. Elle captive tous les regards et rayonne pleinement, sans non plus faire de l’ombre à ses musiciens qui sont essentiels.

On peut d’ailleurs parler plus particulièrement de Miguel Angel Cortés , son guitariste : probablement moins technique que le fameux Paco de Lucia, mais qui reste un maestro dans son art. C’est simple, ses solos m’ont happé et par moment, j’ai essayé sans y parvenir de comprendre comment il arrivait à sortir tant de sons avec juste 10 doigts !

La partie palmas et cajòn n’est pas en reste : ils les accompagnaient admirablement bien, avec en plus un beau sourire constant, montrant à quel point tout ce petit monde prenait un énorme plaisir sur scène… Plaisir communicatif à l’audience, qui fut comme toujours de très haute qualité.

Il est vraiment magique ce Festival… On en aura loupé une grande partie, mais cette dernière soirée commence parfaitement !

Etiqueté par Ysabel :

Le soir commence à peine quand je m’installe sur un des gradins de pierre du Théâtre Antique d’Arles, dans un petit vent chaud, pour une soirée concoctée par le Festival Les Suds à Arles … Une soirée au parfum de musique du monde, comme toujours.

Petite introduction au micro : Cette soirée de clôture va être filmée, pour une retransmission sur Arte, et elle va commencer par une enfant du flamenco, dans sa plus pure tradition, devenue femme maîtresse dans son art : Esperanza Fernández. Ce sera une belle entrée en matière pour un concert visant à mélanger les inspirations. Mais surtout une soirée consacrée aux femmes. Les femmes de partout, quelques soient leurs vies ou leurs origines. Aux femmes qui doivent, encore aujourd’hui, trop souvent luter pour trouver leur place au sein de nos sociétés faites, et la plupart du temps dirigées, par les hommes. On nous invite donc à descendre pour profiter au plus près de ces belles artistes. Et pour nous mettre en conditions, les collectifs des Roquettes et de La Meute Rieuse vont venir quelques instants, juste pour faire du bien aux femmes et à ceux qui les aiment. Pour ce faire, elles vont nous proposer de pousser un grand cri, tous ensemble. Un grand « Hé ! » général, pour libérer tout le monde.

La scène se retrouve vide à nouveau. Les deux joueurs de cajón qui vont accompagner Esperanza prennent place devant une fosse encore timide, à côté de deux chaises rouges toujours vides. Ils commencent seuls, sur un rythme tout d’abord très enlevé, mais qui revient ensuite au clame … Puis celle qui, ce soir, va nous compter l’histoire musicale d’une petite fille de Triana au fil de son projet Raíces del Alma fait une entrée très majestueuse. Une voix à la fois jouant sur la douceur et des plus assurée. Un chant fait d’un mélange de nostalgie et de beaucoup de couleur … Comme un récit déroulé par une conteuse. On est tout de suite pris par son univers.

Un guitariste, dont l’instrument chante lui aussi avec la douceur d’une mandoline, vient les rejoindre. Par moment elle nous interpelle et, l’instant d’après, semble nous inviter à la suivre. C’est un flamenco léger et entrainant. Les solo de la guitare flamenca de Miguel Angel Cortés sont émaillés de ses « Holé » à elle, juste avant que sa voix ne vienne s’accoler à l’instrument dans une contre mélodie captivante.

Elle se défait de ses châles pour entamer des palmas qui vont contrebalancer les intermèdes marqués des cajóns. Semble lancer ses incantations vers le ciel, devant un public ému qui lui répond … Mais c’est encore et toujours un flamenco gai et enjoué. Un véritable plaisir pour moi, qui ne suis pas toujours une grande fan de la chose. La guitare joue de plus en plus vite et l’énergie qu’elle transmet à la chanteuse la fait irrésistiblement danser sur sa chaise, communiquant les mêmes effets au public.

Avant de rester seule avec son guitariste, Esperanza nous adresse quelques mots de remerciement en espagnol et nous fait partager sa joie d’être ici ce soir. De plus en plus de gens descendent des gradins pour profiter pleinement de tout cela au plus près … Mais pas de danseuse parmi le public pour le moment, comme il m’est si souvent arrivé d’en voir en ce lieu magique. Un chant très décomposé (si je puis dire) s’en suit. Mais qui donne un rendu étonnamment moderne, tant par ses sonorités que par son interprétation. L’émotion est à son comble. Elle se lève face à lui sur son dernier accord de guitare, lui faisant ensuite signe de la main de saluer avec elle.

Les cajóns reviennent, alors qu’elle s’est éclipsée le temps d’un morceau. Et pourtant, c’est la guitare seule qui commence, sonnant encore une fois à la manière d’une mandoline. Ce n’est alors pas les instruments à percussion, mais des palmas qui viennent accompagner le maestro … Et en résulte un véritable tollé d’applaudissement pour ces messieurs.

Puis la diva nous revient dans une nouvelle tenue : une robe jaune qui la sublime. Avec un chant empli de rythme et de ferveur. A chaque instant, c’est un sourire qui illumine son visage … Un air connu dont j’entends certaines parties reprises autour de moi, dans les gradins. Une musique vivante. Une musique habitée, qui entraine véritablement le public avec elle. Le vent léger qui se lève se met lui aussi à chanter dans les micros, pendant que sur scène, Esperanza Fernández s’enflamme littéralement.

Elle nous adresse des « Besos » et mille autres choses qui dépassent de loin mon tout petit espagnol. Puis reprend son chant, les cheveux au vent, dans la frénésie des palmas qui l’entourent. La guitare nous distille encore un de ses airs gorgés de soleil et qui nous insuffle la joie de vivre. La clappe est même reprise dans un public à présent éclairé.

Elle nous présente ses musiciens : « Car sans eux, rien n’est possible ». Et ce dernier morceau annoncé, elle va nous l’interpréter debout, passant et repassant autour d’eux. Son doigt tendu vers nous, les quelques pas de danse qu’elle exécute … Tout cela rend son interprétation encore plus intense et plus vivante que jamais ! Elle relève sa jupe. Ses talons frappent le sol … Elle ne fait plus qu’une avec la musique. Puis prend une pose de matador, avant de sembler chercher quelque chose du regard, au loin. Chante au ciel et aux étoiles, cambrée à l’extrême et le poing rageur, engageant son corps dans chacun de ses mots. Chantant même hors micro, toute immergée qu’elle est dans ce flamenco qui l’habite … Puis elle quitte la scène ainsi, avec le port de tête d’une reine, avant de revenir saluer avec ses trois musiciens.

Il y aura pourtant un rappel et il sera à capella. Elle est poignante, seule devant son micro, face à nous. Lançant son dernier cri dans la nuit. Elle nous enverra encore un baiser de la main et nous quittera ainsi, avec toujours autant d’élégance et de charisme.

Composition

  1. Fandangos Por Solea
  2. Malagueña y Abandolaos
  3. Seguiriya
  4. Solo de Guitarra
  5. Caña
  6. Tangos
  7. Alegrias
  8. Bulerias
  9. 1er Rappel : Gelem, Gelem

Date Limite de Consommation

Site de Production

Page Facebook : https://www.facebook.com/flamencoesperanzafernandez

Ingrédients

Remerciements