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23 novembre 2011

Opeth @ Rockstore (Montpellier)

Un concert live presque aussi énorme que la version album ... Euh ... Non, en fait c'est vraiment mieux que sur l'album ... Ou pas ... Arff ... On sait plus à la fin, tellement que c'est bien !

Réclame d’avant concert

Ecrit le 06 Novembre 2011

C’est avec une énorme envie que l’on va se rendre ce Mercredi 6 Novembre pour ce qui est une première pour nous : un concert d’Opeth. Opeth c’est un peu Steven Wilson (production, inspiration, mentor) et c’est surtout Mikael Åkerfeldt, un artiste que l’on a envie de découvrir et d’apprécier !

L’album défendu, Heritage, est juste énorme et très différent de la production d’Opeth plus lourde.

Aura-t-on le droit à la voix glutural de Mikael ou seul les chansons à la voix claire seront-elles jouées ? Réponse bientôt !

Conditions de mise en boîte

Ce fut probablement les conditions les plus épiques.

Tout avait été préparé bien en amont et à première vue tout devait bien se passer : nous étions sur la liste de label !

Mais pif paf pouf, Ysabel n’est pas sur la liste alors qu’Arnaud y est !! Pas de soucis, Arnaud rentre et trouve très rapidement un représentant de la production locale. Alors c’est merveilleux allez vous dire ! Oui mais Non ! La production locale porte en quasi dégoût le label, qui ne lui apporte aucun soutien depuis des années ! En conséquence, il est hors de question de faire rentrer le suppôt de ce satanique label, surtout que le concert est complet et la liste des invités déjà plus longue que le bras.

Il faudra près de 20 min de discussion pour parvenir à un consensus où finalement Ysabel a un pass Staff qui ouvre quasi toutes les portes (nous n’en abuserons absolument pas, le simple fait de rentrer est bien suffisant à nos yeux) et nous avons l’accès à la mezzanine à l’angle de vue unique.

On nous annonce l’autorisation sur 2 morceaux. Bien assez quand on sait que chaque morceau fait près de 7 minutes ! On viendra en cours de session annoncer que l’on a session illimitée, avant d’avoir un contre ordre par une jeune demoiselle … Ma foi … Pas simple le métier de photographe 🙂

Compte tenu de la lumière, je crois qu’il fallait un miracle pour sortir de belles photos. Il n’y a pas eu de miracle.

Chronique

Etiqueté par Arnaud :

Un show vraiment merveilleux ! Une belle claque dans cette belle salle ! Je laisse la parole à mes deux chroniqueurs, je dis assez de conneries comme ça 😉

Etiqueté par Ysabel :

Le Rockstore est plein à caquer pour ce concert exceptionnel de Opeth à Montpellier (ils ne passent pas si souvent en France … Et cette tournée ne comprend que peu de date sur notre cher sol). Ce qui nous donne une file d’attente de folie qui attend devant. En plus cette année, cette superbe salle à la Cadillac enfoncée dans la façade fête ses 25 ans. Alors l’occasion ou jamais de la découvrir, si vous ne l’avez pas encore fait !

Après le passage tonitruant de Pain Of Salvation, la scène se met en place pour le set tant attendu de Opeth. La pochette de leur dernier album habille le mur du fond et le dessin de l’arbre est repris sur la batterie. La scène est entièrement vidée et le public appelle : «Opeth !!!»

Dès le départ, les lumières sont fantastiques et ce sont des hurlements qui saluent leur entrée, avec un son qui s’annonce faramineux. On est aveuglés par les spots et on se prend le tonnerre des guitares en pleine tête, qui embarque tout sur son passage. Et puis Mikael Akerfeldt apparait d’un coup, comme un diable qui sort de sa boîte. On ne voit quasiment rien, mais la musique balaye tout. Quand au son : ce n’est pas compliqué, on entend plus le public !!

Sur scène, Fredrik Akesson semble être carrément ailleurs et la voix de Mikael est juste parfaite de pureté et de nuances. Les lumières sont irréelles et lui semble rester d’un calme olympien. Comme au cœur d’une tempête durant laquelle il resterait droit et paisible en avant poste. On a vraiment droit à tout, jusque dans la plus grande des subtilités des instruments. Et c’est tellement scotchant que le public est presque plus calme que tout à l’heure. Enfin, tant que personne ne lui demande de participer. Parce qu’à la première question qui lui est posé reçoit des hurlement en réponse (ce qui amuse beaucoup Mikael en plus).

Après la tempête, vient l’accalmie. Il sont vraiment d’une zenitude incroyable tous les cinq. On sent bien là la papatte de Steven Wilson ! Et puis à chaque fois, je me fais avoir : Une amorce en force, puis vient la voix, la mélodie et les guitares se déchaînent à nouveau pour repartir en feu d’artifice. Ça pète. C’est métallique. C’est précis (quasi chirurgical) avec des déferlantes de cordes pour un final tout en puissance.

Pendant les inter-morceaux, Mikael discute avec le public (qui gueule pas mal, mais il gère ça avec le sourire). Les morceaux s’enchaînent et il nous garde en haleine. On ne voit plus que lui dans les roulements de tambour. Le public reste accroché à chacun de ses gestes et il tient comme ça une éternité, laissant monter la puissance dans des lumières qui pètent et des solos de guitares menés avec un incroyable calme … Il est réellement hypnotique quant il nous offre un Face Of Melinda d’anthologie, marqué par une fin où les voix reprennent possession de l’espace, avant de se faire reprendre par les guitares. C’est époustouflant comme show.

Aux premières notes de Porcelain Heart, des cris de plaisir se font entendre. Tout se joue en puissance et en charisme. La musique est vraiment magnifique et pas bourine pour deux sous. Du métal plus qu’élaboré, servi par une voix superbe. Et cela se trouve multiplié par dix avec la petite session acoustique qu’ils nous ont réservé en milieu de set, qui va nous offrir un The Throat Of Winter (musique du jeux God Of War) de toute beauté, avec un jeux de guitare à la limite du flamenco. Jamais je n’aurai pensé entendre des sonorités pareilles à ce concert !

Ce set, fait de mélange de vieux et de neuf (mais de toute façon le public les aime toutes !), ne se lasse pas de nous réserver des surprises. La guitare classique du set acoustique donne vraiment une toute autre couleur à leur musique et met parfaitement en valeur la voix de Mikael. Mais pas de souci, on ne s’endort pas et les deux minettes du premier rang (qui agitent leurs têtes avec frénésie depuis le début) réussissent à tenir le rythme (en un peu plus lascif quand même !!) Le jeu de la batterie au marteau donne beaucoup de profondeur et rend Credence très envoutant. C’est marrant d’ailleurs, parce qu’ils bougent à peine et réussissent pourtant à emplir l’espace tout entier, rien qu’avec leur musique. Le public écoute tout cela bouche bée (et vu le look de certains, c’est très marrant de les voir ainsi médusés). Alors quand la puissance rejoint tout cela, la salle essaie d’emboîter le pas avec une clappe qui devient vite difficile à suivre.

Allez, c’est reparti pour le pogo. Il faut y aller pour ces derniers morceaux qui restent à partager, avec le retour de la puissance du début. Les guitares et la basse ont opéré un rapprochement, y allant aussi à grands coups de tête … L’ambiance tourne à la folie dans la salle (on le sent bien là le métalleux !) Mais il faut dire qu’ils le cherchent bien avec ce son qui fait trembler le sol. Tant et si bien que lorsque l’on redescend, le public crie «Encore !!» et qu’il faut quelques minutes pour atterrir.

Les deux dernier morceaux du set vont être très puissants, intenses, vibrants ! Les bras se lèvent. Les mains se tendent. Les têtes se balancent … C’est l’heure de la communion. On retrouve vraiment l’esprit de Porcupine Tree (la grande classe). Mikael joue les yeux clos, la tête rejetée en arrière. C’est vraiment transcendantale comme musique. On est transportés et le public termine ses phrases, quand il les laisse en suspend. Ils tirent les accords à mort. Poussent le plaisir jusque dans ses limites. Les morceaux semblent n’avoir pas de fin, tous les quatre de dos, tournés vers le batteur. Ils semblent comme suspendus dans l’espace temps, avec un public qui hurle quand viennent les dernières notes.

«We’ve got one more song !» Et ce n’est pas une douce celle-ci !! Les strombis sont au taquet et le public aussi. Mikael tient sa voix et fait rebondir la musique. Il casse les rythmes encore une fois, à la manière d’une vague qui avance et qui recule … Et nous qui passons dessous, dans le rouleau. C’est hyper dur à décrire parce qu’il faut vraiment le vivre. Il se poste de dos, bras ballants, puis fait demi-tour et revient en devant de scène, dans un solo de guitare à tomber. Pour finir, ils semblent tous les cinq en transe maintenant et je ne sais pas s’il reste un seul bras qui ne soit pas levé dans cette salle pour les saluer à leur départ.

Reste encore une petite dernière pour le rappel. Ils reviennent avec un petit pas de danse dans le jeu des lumières «Thank you very much mother fucker !!» Mikael présente chacun des membres du groupe, en se foutant de leur gueule et de celle de Steven Wilson au passage 😉 !! (trop excitant pour lui ici … Il est chez lui en train de boire son thé !) Puis il part seul à la guitare pour un magnifique dernier morceau, d’une intensité rare. Ils sont immergés dedans et nous submergés par la même occasion. On perd un peu de la voix, mais la puissance est telle que ce n’est pas grave. C’est fantastique, pour un atterrissage pas évident … Parce qu’il faut en redescendre d’un truc pareil !!

Etiqueté par Pierre :

Voici un concert qu’on attendait depuis longtemps !! Opeth, c’est un peu le miroir assombrissant de Porcupine Tree, une image du rock parée d’un habit de métal mais avec une approche similaire dans la composition. Ici on est loin de la technicité d’un Dream Theater, des exploits vocaux d’un Nightwish, ou de la brutalité d’un Cannibal Corpse, mais on cultive plutôt l’amour du son des 70’s. L’époque où les morceaux pouvaient s’étendre sur une face entière de vinyle et que l’album était considéré comme la forme d’art ultime, un tout indivisible. L’époque où la mise en place du concept et de l’artwork comptait autant que la volonté de proposer des compositions toujours plus novatrices, ambitieuses et transgressant les règles du genre. Bref, du progessif dans l’âme ! Il y a tout ça dans Opeth, depuis leur origine certes, mais c’est surtout avec Heritage leur dernier album en date, que cet aspect s’est pleinement exprimé.

Ce dernier album, non seulement Opeth est venu le défendre ce soir, mais il a décidé de marquer un tournant capitale dans ses concerts en refusant de jouer tous les morceaux passés faisant intervenir du chant « grunt ». Pour les profanes, le « grunt » est une technique de chant qui confère à la voix un timbre guttural et caverneux. Une technique particulièrement difficile et éprouvante, que l’on rencontre surtout dans les groupes de death métal et de harcore. Depuis 20 ans, l’identité d’Opeth s’est un peu forgé par cette voix incroyable de Mikael, qui joue en permanence les contrastes entre le chant clair et le chant grunt. Le groupe va-t-il ce soir survivre à cette métamorphose ?

Longue plage d’introduction le temps que les musiciens s’approprient leur terrain de jeu. N’ayant pas consulté les playlists des précédents concerts, je m’attendais à 2 possibilités : soit un départ posé avec le morceau Heritage, très belle introduction au piano, soit une entrée dans le vif du sujet avec The Devil’s Orchard, LE single de l’album. Et bien c’est le second choix que le groupe fera avec un son … Tout simplement énorme !! Exit le côté brouillon de la première partie, là tout est limpide et on est directement plongé en plein coeur du hard rock des 70’s (on pense à Deep Purple, Black Sabbath ou Led Zepplin évidemment). Le groupe parvient à restituer l’ambiance 70’s du morceau tout en le « métallisant » un peu. Enchainement logique avec I feel the dark où le niveau sonore retombe d’un cran, ce qui nous laisse la possibilité d’apprécier toute l’étendue du chant de Mikael. Y a pas à dire, sa voix emplit l’espace et on le sent très à l’aise sur ces nouveaux morceaux. Petite présentation du groupe et quelques échanges avec le public, et le groupe annonce un vieux titre, extrait de l’album Still Life : Face of Melinda. Une ballade somptueuse d’arpèges qui finit sur un déchaînement de grosses guitares, un monument emblématique du groupe. Ce morceau prend vraiment une dimension incroyable en live. Il enchaine sur un solo de batterie qui permet au public d’apprécier les qualités techniques de Martin Axenrot, qui a rejoint le groupe depuis 4 ans. C’est effectivement assez impressionnant mais à mon humble avis, largement au-dessous des subtilités d’un Gavin Harrison ou de la rage guerrière d’un John Bonham. Le gars fait le job, fort bien, il tape fort et précis mais manque un peu de nuances. En même temps, il ne joue pas du free jazz, ni de la bossa nova donc on va dire qu’il est dans son bon rôle !

Fidèle à son choix de ne pas utiliser de chant grunt, le groupe enchaîne sur Porcelain Heart, le « tube » de l’avant dernier album Watershed qui étonnement me laisse assez de marbre. Peut-être une mauvaise connaissance de cet album, je me suis plutôt ennuyé sur ce titre. L’occasion de scruter un peu le public et de constater qu’il est captivé, possédé, que finalement pour un concert de métal, je vois assez peu de « look type », entendons par là une personne dont la pilosité exubérante ne laisse aucun doute sur son intérêt pour une musique que madame Dugenou qualifierait de bruit inécoutable et malsain 🙂 Non le public est assez hétéroclite, assez féminin bizarrement, signe que le groupe est parvenu à toucher un public sûrement un peu plus large que celui qui le côtoyait d’habitude.

Le groupe captive à nouveau mon attention avec Nepenthe, un morceau que Mikael présente comme très bizarre, en espérant qu’on l’aimera (et sinon, il nous dit que ça ne fait rien et qu’on peut juste aller se faire …). J’adore ce titre, c’est l’un de mes préférés sur le dernier album, j’adore l’espace qu’il laisse dans son jeu de guitare (John Petrucci, prends en de la graine !) et tout particulièrement le jeu du batteur qui pour une fois fait preuve d’une grande subtilité avec un côté presque jazzy au balais. Un morceau de toute beauté !

Le concert évolue ensuite d’une toute autre manière. Alors que le groupe pouvait très bien se mettre à nous dérouler tous les autres morceaux de Heritage. Il choisit de revenir à de très vieux morceaux. De quoi satisfaire les fans de la première heure même s’ils ne s’attendaient probablement à ça. Parce qu’on est tout bonnement en très de passer à une version électro-acoustique de morceaux des plus musclés de la discographie du groupe. Honte à moi, je ne connaissais ni The Throat of Winter, ni Credence mais leur interprétation m’a totalement bluffé. Le parallèle est évident avec le concert de Rodrigo et Gabriella, vu quelques mois auparavant, des repentis du métal qui officient désormais dans le flamenco mais ayant conservé l’énergie de leurs sombres origines. Le second guitariste, dont je n’ai pas suffisamment parlé, fait un travail exemplaire sur scène. Il fait passer une énergie monumentale avec une simple guitare acoustique sans aucune disto. Signe qu’on a à faire à de grands musiciens, capables de se mettre en danger, nettoyés de tout le maquillage sonore qui constitue habituellement leur visage. L’exercice est un franc succès et me laisse penser qu’Opeth est en train de gagner son pari de la métamorphose. Enchaînement avec une balde de Damnation, Closure qui ne me laisse aucun souvenir marquant, pas plus que l’album ne m’avait vraiment emballé.

Puis retour à Heritage avec Slither, un morceau que je n’affectionne pas particulièrement non plus, qui reste dans la veine du bon hard rock des 70’s mais avec moins d’audace que The Devil’s Orchad. Retentissent ensuite les douces notes de piano de A Fair Judgment, l’un des nombreux chef-d’œuvres de l’album Blackwater Park qui est sûrement le tournant ultime de leur carrière (et grâce à qui hein, on se demande ? grâce à toi seigneur Wilson! Aaaameeeen). L’un des points culminants du concert à mon sens, où le groupe embrasse pleinement ses racines en nous livrant une interprétation magistrale. Il conclut enfin avec Hex Omega … euh Hex Omega, de quel album déjà ? Misère de misère, j’ai encore à travailler mes classiques parce que ce morceau de Watershed sonne totalement étranger à mes oreilles. Qu’importe, le groupe excelle dans ce dernier excerice avant de s’éclipser pour quelques minutes de répit.

Le public est en transe complète et le groupe ne tardera pas à faire son retour. Avec, pour refermer cette belle soirée, le morceau que je trouve pour ma part le plus réussi de Heritage : Folklore. Un morceau qui ouvre sur une ambiance … folkorique évidemment, mais qui se referme sur un déluge de guitare et de claviers savoureux. Les claviers ! Il est vrai que je n’en pas parlé mais Opeth est accompagné sur cette tournée d’un musicien de grande classe, arborant un t-shirt de Pink Floyd (Plutôt bon signe pour les influences ! Sans parti pris évidemment …) et assurant les chœurs de façon remarquable. Si Mikael doutait encore de la capacité du type à s’approprier les morceaux et à les élever un cran au dessus, je crois que cette tournée aura fini de le convaincre. Espérons que la pierre brillante située en haut de l’arbre Héritage se mue rapidement en une sympathique tête poilue et espérons qu’elle y reste bien accrochée le plus longtemps possible!

Mission accomplie pour Opeth qui a parfaitement géré l’évolution de son univers, sans renier ses racines et en amenant à lui tout un public qu’il aurait eu beaucoup de mal à toucher avant. Si on devait émettre un seul regret, c’est celui de n’avoir pas pu entendre (et probablement de ne plus pouvoir jamais entendre si le groupe persiste dans cette optique) des chef-d’œuvres comme The Leper Afinity ou Delivrance, juste parce que le chant y est guttural. On peut espérer qu’une fois passé l’euphorie de cette transition réussie, le groupe finisse par assumer pleinement son identité, en nous gratifiant de quelques extraits ciblés de son glorieux passé.

Composition

  1. The Devil’s Orchard
  2. I Feel The Dark
  3. Face Of Melinda
  4. Porcelain Heart
  5. Nepenthe
  6. Set Acoustique : The Throat Of Winter
  7. Set Acoustique :  Credence
  8. Set Acoustique :  Closure
  9. Slither
  10. A Fair Judgement
  11. Hex Omega
  12. 1er Rappel : Folklore

Date Limite de Consommation

Site de Production

Site officiel : http://www.opeth.com

Ingrédients

Remerciements