« Radio Elvis Pense Bête »
16 mai 2015

Piers Faccini @ La Mesón (Marseille)

A savourer comme la madeleine de Proust...

Conditions de mise en boîte

Librement. Mais, le concert étant acoustique, le simple bruit sec du premier déclenchement a suffit pour que je comprenne, au regard échangé avec Piers, qu’il n’en fallait pas un plus. La stratégie fut alors simple : deux ou trois déclenchements pendant chaque applaudissement, entre les morceaux. Et, quelques déclenchements pendant l’unique envolée instrumentale, quand le bruit de l’appareil n’était pas audible.

Chronique

Etiqueté par Arnaud :

Revoir Piers Faccini, en ce beau lieu de La Mesón, c’est avoir un troubadour à portée de mains. L’homme se fait hélas assez rare dans le Sud de la France, même s’il est en l’occurence là pour trois soirs, dont celui-ci en solo. Il n’y a d’ailleurs, dans la petite salle, que des fans aux yeux brillants et sachant tout l’honneur qu’est le fait de pouvoir profiter de ce moment rare et à guichet fermé !

Cet homme a le pouvoir magique de nous emmener sur sa route Blues/Folk dès les premières notes de guitare et la proximité qu’offre ce lieu intime de Marseille est alors juste parfaite pour vibrer tous ensemble, avec lui.

Les titres se suivent et ne se ressemblent pas, si ce n’est que le tout forme comme une histoire cohérente, reliant l’Angleterre, les Etats-Unis et l’Italie. En effet, le récit commence avec la douceur de la guitare Folk anglaise, passe ensuite par une guitare américaine Blues et se termine au tambourin, sur un air italien.

Trois voyages en en nuit : de quoi rendre jaloux tripadvisor et nous, impatient de revivre ça !

Etiqueté par Ysabel :

Concert annoncé complet et dîner très moutardé (Oui, elle s’est un peu lâchée ce soir la cuisinière de La Mesón. Mes larmes en sont témoins 😛 !) … Nous voilà fin prêts à retrouver Piers Faccini, que nous n’avions pas revu depuis sa très belle prestation, pour ainsi dire hors du temps, du Musée Antique d’Arles.

Nous commençons donc par une petite présentation de l’artiste et quelques mots de sa rencontre avec Maryam Chemirani, qui partagera l’affiche avec lui le lendemain. Mais ce soir, c’est en solo et en acoustique que La Mesón va l’accueillir … Alors va-t-on avoir droit à une entrée surprise de je ne sais où dans la salle, comme il sait si bien en faire ?! Et bien non. Il descend tout simplement par l’escalier des loges, à l’étage, pour prendre place sur la chaise qui a été placée pour lui au centre du tapis de scène, posant délicatement ses grelots de cheville à côté de lui. Et nous n’aurons besoin de rien de plus que cette guitare sèche et cette première phrase musicale pour que la magie opère. Les yeux mi-clos. La voix d’une douceur infinie et d’une beauté de même … Voilà le très bel univers de Piers Faccini planté, en l’espace de quelques secondes à peine.

Après avoir terminé Pictures Of You, nous dit bonsoir et nous remercie, en nous annonçant que, ce soir, ce seront des « morceaux au fil », comme celui à venir … Pas joué depuis bien longtemps. L’émotion est, comme toujours, plus que palpable, guidée par cette voix infiniment mélodieuse, qui sait bercer notre rêverie les yeux ouverts. Nous allons ainsi continuer notre balade musicale à travers Leave No Trace, son premier album solo. On enchaine sur une chanson en italien, une reprise de Pino Daniele qu’il affectionne tout particulièrement. Mais, avant de continuer, il fait une adorable petite pause Off pour proposer qu’on aille coucher dans sa loge une petite princesse qui semble toute fatiguée devant lui … Et oui, c’est comme ça un concert à La Mesón 😉

Il est seul ce soir, alors il veut nous proposer un concert spécial, avec des Songs Of Time Lost comme le dit si bien le titre de son dernier album, pour un voyage poétique qui va se dérouler entre anglais et italien. Parfois empli de mélancolie et parfois plus empli de gaité, avec les notes de sa guitare qui tourbillonnent en toute légèreté, comme pour Two Grains Of Sand. L’ensemble donne un Set d’inspiration plutôt moins ethnique que ceux que j’ai pu partager jusqu’à présent, mais tout aussi fascinant, avec entre autre ce Strange Is The Man magnifique de subtilité, pour lequel sa voix joue de absolument toutes ses nuances … Le public ne s’y trompe d’ailleurs pas, et nous avons même droit à des « Bravo ! » et du « Sublime ! » lancés quand il termine.

Une des grandes inspirations de Piers Faccini, il en parle souvent en concert, c’est Léonard Cohen, avec dans sa vie cette période de pause moine-zen-bouliste « à mi-temps », faite de questionnement à son maître. Et quel fût sa réponse ? Réaliser qu’il n’avait pas encore écrit une chanson assez triste ! Un comble pour un artiste pourtant connu pour sa mélancolie … « Comme ce que je tente de faire, sur un fil, sur la fragilité ». C’est ainsi qu’un jour, à 25-26 ans, alors que Piers jouait en Angleterre, un gars lui a lancé : « Hey man ! Your songs are always this sad ?! » Il a fait une pause, puis a répondu « Yeah ! », avant de continuer 😉 Cela le fait rire de partager cette anecdote avec nous. Et il tiens à ajouter que sa mélancolie à lui le rend heureux. Qu’elle lui fait même aimer la vie, contrairement à ce que l’on pourrait penser.

Une cover plutôt dansante de Mississippi John Hurt, un peu d’harmonica … Et nous voilà parti pour le Far-West. Il aime reprendre ces morceaux du vieux chanteur de Blues qui lui a appris à mettre du swing dans sa musique, ainsi que de la douceur. Mais tout le secret réside dans le maniement pouce parait-il ! C’est ainsi que nous avons même droit à un petit cours de musique … Et il est certain, nous dit-il, que beaucoup de gens pensent qu’on ne peut pas faire ce genre de soirée à Marseille ou à Naples : Mais Si, bien sûr ! Surtout que ce soir, « Je joue à domicile ». Mais on ne peut le faire que dans des lieux comme La Mesón; sinon, « c’est trop d’informations à la fois ! » Il va même profiter de notre belle écoute pour nous jouer un morceau très délicat, en français, avec un harmonica d’une douceur rare et, encore une fois, une guitare de toute beauté. Reste La Marée … Pour un véritable moment de grâce.

Il nous raconte aussi son quotidien en concert… Arrivée dans l’après-midi. On mange. On rigole un peu. On joue. Hôtel et puis on rentre. Mais avec cette résidence, ici à Marseille, c’est l’occasion de profiter du temps, avec balades tous les matins et découverte de la ville. Cela lui donne des envies de Folk, que je lui connais et qui lui vont si bien … Puis la guitare devient flamenca pour l’introduction de The Beggar & The Thief. Les inspirations se mélangent. La musique joue avec les rythmes et sa voix avec les notes. Son timbre se changeant même de façon surprenante par moments.

Changement de guitare aussi : de la sèche à l’argentée. Introduction à une autre énorme influence pour lui : celle de Skip James. Concentration de la puissance d’un rythme, avec l’impact des mots. Un blues-man poète. « Un Baudelaire de la musique » nous dit-il même. Du poème chanté, sur une musique qui a le pouvoir de capter l’âme de sa génération. Make Me Down A Pallet On Your Floor : images d’abattoir avec les carcasses d’animaux à porter … Un travail que tu fais quand il n’y a rien d’autre de possible … Métaphore de la dépression. C’est un morceau qu’il n’a pas joué depuis longtemps et je me retrouve, encore une fois, éblouie par cette guitare, au propre comme un figuré, avec ce Blues 100% pur jus. Il aime d’ailleurs particulièrement cette guitare étincelante, gravée en son dos de l’année 1931, avec une jolie gravure d’Hawaï. Une National Style O (et non « La guitare de Dire Straits ! » s’amuse-t-il) faite pour le Blues. Capable même de donner un son indien. Alors : Démo ! Et c’est parti pour un Three Times Betrayed endiablé, pour un magnifique final après le lequel il se lève tout simplement, pour remonter dans les loges par son petit escalier.

Mais on le rappelle. Pas question d’en finir déjà. Il revient d’ailleurs en promettant de refaire un résidence comme celle-ci, « Sans oublier la soupe au Pistou ! » Parce que oui, il faut le dire : pour avoir un bon concert, il faut toujours bien nourrir les artistes. C’est le secret ! Une dernière donc, pour nous souhaiter une bonne nuit … Un Tribe joué avec un petit morceau de papier coincé entre les cordes … « Et que ceux qui connaissent, expliquent aux autres ce qu’il faut faire ». Car, je vous le dis : tout est dans le placement du « How Low » 😉 Il veut partir. On veut qu’il continue … « La classe Marseille ! » Il va donc nous offrir une toute dernière ritournelle napolitaine, juste accompagnée au tambourin, pour que la musique nous accompagne jusqu’au bout de la nuit et de nos rêves.

Composition

  1. Pictures Of You
  2. Ugly Places
  3. Cammina Cammina (Pino Daniele)
  4. The Closing Of Our Eyes
  5. Two Grains Of Sand
  6. Strange Is The Man
  7. Make Me Down A Pallet On Your Floor (Mississippi John Hurt)
  8. Broken Mirror
  9. Reste La Marée
  10. Talk To Her
  11. The Beggar & The Thief
  12. Hard Time Killing Floor Blues (Skip James)
  13. Three Times Betrayed
  14. 1er Rappel : Tribe
  15. Villanella Di Cenerentola

Date Limite de Consommation

Site de Production

Site Offi­ciel : http://www.piersfaccini.com

Ingrédients

Remerciements