« Seu Jorge Morcheeba »
01 novembre 2010

Carmina Escobar @ Maison du Chant (Marseille)

Drôle de soirée. Un bon essai des performances du boîtier à faible lumière et une ouverture vers autre chose ...

Conditions de mise en boîte

Librement mais assis pour ne pas déranger.

Chronique

Etiquetée par Ysabel :

Une première pour moi ce soir : découverte de La Maison du Chant à Marseille. Soirée mexicaine pour ce 1er Novembre, dont le thème est justement la commémoration des morts dans la culture d’Amérique Latine …. Un peu space, mais pourquoi pas !

Pour tout dire, la soirée a faillit être annulée pour cause de grève des éboueurs (l’entrée de cette salle située dans une toute petite rue n’étant même plus accessible derrière les amas de déchets !!). Mais finalement, tout est rentré dans l’ordre juste à temps. Je ne sais pas si ces artistes connaisse bien la France, mais ils ont dû trouver ça un peu folklo quand même !!

A notre arrivée, tout n’est pas tout à fait prêt. Ils sont en train de mettre la dernière main à une déco assez rigolote : une sorte de petit autel très coloré à l’entrée, avec des images pieuses, des bougies, des offrandes dans de petits paniers (genre poivrons et autre victuailles …). Bref tout cela nous met en appétit et nous conduit dans la pizzeria d’en face «Chez Maxime». Allez-y ! On s’est super régalés et ils sont super gentils !!

Une fois le ventre plein, nous retournons dans la salle où la mise en place est terminée. C’est en fait une succession de petites pièces, toutes décorées ce soir dans le même esprit : tapis très colorés, petites icônes, bougies parfumées, fleurs et décoration comestible (feuilles de choux, haricots rouges et petits gâteaux de toutes les couleurs). Le tout donne un résultat qui nous met un peu dans la peau d’Hansel & Gretel à la découverte de la Maison de Pain d’épice des Frères Grimm … Toute une atmosphère qui annonce une soirée pas banale.

L’ambiance est bon enfant. On fait le tour des tables, on peut regarder les détails. Il y a de petits personnages de papiers découpés façon images vaudous, des guirlandes de petits squelettes et des photos vieillies de personnes mortes. C’est assez particulier mais l’accueil chaleureux de nos hôtes, avec un délicieux gâteau à la noix de coco et la mise en place de chacun sur les canapés, chaises & tapis fini de nous mettre à l’aise.

Musique de fond cubaine, mélangée avec les «pleurs» d’un violoncelle venant d’une autre salle. Les lumières se tamisent encore plus et arrive une improbable femme toute vêtue de noir. Son visage est peint de blanc, le nez, la bouche et les yeux sont maquillés en noir (à la façon un peu d’un squelette). Elle souffle dans un tuyau à vent en poussant de petits cris qui me font penser aux youyous du Maghreb. Elle traverse toutes les pièces, retrouve un musicien devant le bar et lui sert un verre de Téquila. Puis elle se tourne vers nous, fait mine de suffoquer et reviens vers l’autel en titubant. Elle prend place de dos, devant nous. Le musicien attrape son violoncelle et commence à s’en servir comme d’une percussion.

Pour être totalement honnête, c’est assez spécial et le problème avec ce genre de mise en scène très théâtrale, c’est qu’on est toujours partagés entre l’envie de rentrer dans le jeux et le risque d’être pris par un fou rire. Les spectateurs se regardent du coin de l’oeil, pour voir si les autres ont cette même sensation.

Puis la femme met un châle de dentelle sur ses cheveux et fait mine de prier. Le violoncelliste produit une musique d’outre tombe, mêlée d’étranges sons. Son ombre se découpe sur le mur blanc derrière lui. C’est plutôt impressionnant.

La chanteuse, toujours de dos, entame une gestuelle qui fait apparaitre ses mains qui semblent se détacher de son corps. Sa voix se promène de l’éclat au chuchotement. Elle circule dans la salle, se penche vers les personnes assises sur les tapis pour leur murmurer des paroles en espagnol à l’oreille.

Elle va ensuite se placer sur le côté de l’autel, fait couler de l’eau et l’écho de sa voix monte, alors que sort de derrière la table une danseuse blanche. Elle se promène, se sert parmi les offrandes, tel un fantôme venu après avoir entendu les invocations de la dame en noir. Elle va chercher le violoncelliste, le prend par la main pour partager avec elle le festin des morts. La jeune femme va servir de petits verres de Téquila au public, qui apprécie largement l’attention. Je soupçonne même mon voisin de gauche d’y trouver plus d’intérêt que dans la prestation artistique 😉 !!

Les deux femmes vont ensuite s’agenouiller devant nous. «Gracias a la vida» se mettent-elles à psalmodier ensemble. Une femme assise devant moi, en position du lotus, semble totalement hypnotisée par la scène, faisant osciller son corps de droute et de gauche …. la Téquila aidant, je me demande si elle n’approche pas de la lévitation.

Elles vont enfin se relever et souffler toutes les bougies.

La chanteuse reprend sa besace, son tuyau à vent, et repart comme elle s’en était venue, suivie de sa compagne blanche.

Pour finir cet étrange soirée, tous trois vont revenir pour nous remercier de notre venue et nous proposent de partager toute la partie comestible de la décoration (dont un guacamole de folie !).

Petit bémol à cette soirée : l’approche de ce type de prestation n’est déjà pas forcément toujours simple; alors l’attitude d’un caméraman de France 3, qui s’est vraiment comporté comme si la présence du public était accessoire n’a pas aider à trouver la sérénité nécessaire. Se permettant de s’installer en plein milieu de la scène, avec un spot fixé sur sa caméra qui a copieusement gâché l’ambiance tamisée des lumières. Nous avons même eu droit a la lumière en pleine figure (à moins d’un mètre) pour prendre nos visage en gros plan, sans même se demander si cela nous convenait ou pas. J’espère au moins que son reportage sera réussi (qu’il n’ait pas gâché la soirée pour rien !!)