« Dionysos Marcus Miller »
20 octobre 2012

Frédéric Nevchehirlian @ Docks des Suds (Marseille)

Frissons et émotions au rendez-vous la Fiesta des Suds ...

Conditions de mise en boîte

Librement entre la scène et le public, entre les crash barrières.

Chronique

Etiqueté par Arnaud :

Je l’annonce : je ne vais pas être poli et je vais crier !

PUTAIN QUE C’EST TOUJOURS AUSSI BON UN CONCERT DE CE SATANE FREDERIC !!!

Voilà, maintenant on peut revenir à un état plus calme et s’expliquer.

Tout d’abord, un beau carton jaune foncé à la programmation, qui n’a pas d’autres idées que de synchroniser le passage de deux phénomènes de la soirée, à savoir Dionysos et Frédéric Nevchehirlian ! Je n’osais pas le croire, mais je devais le sentir à chercher les heures de passages sur Internet depuis des jours (sans résultat, dommage).

On a donc jonglé. Mais nous avons profité du meilleur des deux, le meilleur de Frédéric Nevchehirlian balayant du revers de la main le meilleur de Dionysos ! Ben oui, la spontanéité, les beaux textes, l’énergie à fleur de peau feront toujours mieux que la force calculée (et maîtrisée) de Dionysos, genre de démonstration qui finit par être plan plan ! Et j’ai vu à peu près autant de fois les deux artistes, le temps prouvant mes propos.

Non,  Frédéric Nevchehirlian c’est autre chose ! Je ne suis pas syndicalisé (et ne le serai jamais), je suis plutôt de droite (même si je ne voterai jamais), je déteste les donneurs de leçons (surtout en politique), mais pour autant je bois à pleine gorgées les paroles de Prévert via la bouche de Frédéric. Et le narrateur n’y est pas pour rien tant il est vibrant, captivant et intéressant … A en être presque désolé entre les morceaux, tant une fois la musique arrêtée il reprend son costume de monsieur tout le monde : Jeckyle te manipule, te fait crier « Mort aux riches », te fait devenir prolétaire, tandis que Mr Hyde est le pote qui t’invite à boire une bière, s’excusant presque d’avoir ce double chantant.

Le rendez vous est déjà pris … Mince voilà que je vais encore crier et être malpoli :

PUTAIN BOUGEZ VOTRE CUL ET VENEZ LE 5 ET 6 FEVRIER 2013 AU THEATRE DES SALINS A MARTIGUES POUR ECOUTER MR JECKYLE ET PARLER AVEC MR HYDE !!

Allez restons calme …

Frédéric, nous serons là le 6 Février et on se fera un plaisir de te chroniquer à nouveau !

Etiqueté par Ysabel :

A notre arrivée à la Fiesta Des Suds, un dilemme insolvable se présente à nous : Venus principalement pour entendre deux artistes … Il va falloir choisir entre Dionysos et Frédéric Nevchehirlian, puisqu’ils jouent quasiment en même temps, le premier sous le chapiteau et le second dans la Salle des Sucres. C’est juste la loose, surtout que nous le découvrons en arrivant (vu qu’il n’est pas possible de voir les horaires de passage sur leur site avant … Point largement perfectible selon moi). Donc, une fois n’est pas coutume et nous allons devoir nous couper en deux et de pas assister à l’intégralité des deux concerts (l’option de nous séparer pour faire deux chroniques en parallèle ne nous emballant pas). Et il faut reconnaitre que ce choix va s’avérer plutôt judicieux …

On commence donc par Dionysos (3 premiers morceaux seulement autorisés pour les photos obligent) et puis nous prévoyons de faire quelques allés-retours, pour voir un maximum de chaque, pour capter et humer l’atmosphère au mieux.

On quitte sur les chapeaux de roues Mathias pour aller retrouver Frédéric … en route. On quitte le star système de Dionysos pour une salle beaucoup moins remplie … Dommage. Pas du tout convaincue pour ma part que ce choix de programmation soit judicieux, mais bon, je pense que mon avis importe bien peu à la prog. Et en plus, il semble que notre chanteur-poète a essuyé en début de set des problèmes techniques (à ce que nous comprenons en arrivant). Ce qui va être la marque de fabrique de la soirée, puisque sous le chapiteau que nous avons quitté il va en être de même (mais nous ne le découvrirons que plus tard) !!

«Nous, on est dans une apocalypse ici !» Qu’à cela ne tienne, il nous raconte comment a commencé son projet de mettre en musique des textes de Prévert. Il était une fois … La Lettre A Janine. Le son est superbe, quoi qu’il se soit passé avant. La configuration de scène est peu banale (mais Monsieur Nevchehirlian nous a déjà habitué à quelques fantaisies au Théâtre des Salins !!) : La batterie est de profil sur la droite et le guitariste nous fait face aux côtés du bassiste et de Frédéric. Ce dernier commence à gratter son instrument pour lui donner un soupçon d’andalou et se met à chanter hors micro … Pour terminer par ces mots magiques : «Je t’embrasse joli corps. Embrasse-moi. Jacques»

Et puis, à côté, il y avait un autre texte. C’est celui de Citroën, qui commence par une guitare très électrique et son regard noir quand il nous parle des ouvriers du magnat de l’automobile. L’instrument s’affole sur «Millions Millions … Citron Citron» Une chanson incroyablement d’actualité. Qui parle fort par les temps qui courent et qui va même se terminer par un «Vive la grève !» crié le poing levé.

Il continue en sifflant, en tapant du pied et en frappant du poing sa guitare, dans une marche fière. Tout en continuant à nous jeter un œil terrible. Criant son texte plus qu’il ne le chante. L’articulant à l’extrême, presque de manière exagérée (et toujours très loin du micro). Son talon rageur entre dans le sol. Il hurle à présent après ce Professeur «du tableau noir du malheur» … Morceau fort et unique s’il est est.

« Le Soleil Brille Pour Tout Le Monde. Il ne brille pas …» Julien Lefévre est passé au violoncelle et Frédéric nous parle de ses oubliés du bonheur, sous les coups de métronomes de ses cordes et le regard rivé sur l’horizon. Il se met à chanter sa complainte dans le corps même de sa guitare qui lui fait écho. Le violoncelle passe de la corde nue à l’archet et Nevchehirlian termine un genou à terre et le poing fermé, dans une raie de lumière … Que dire, sinon que je suis juste scotchée et que Dionysos va devoir m’attendre. Désolée, mais je ne peux vraiment pas lâcher un truc pareil !

La guitare sèche à Marche Ou Crève donne un rendu beaucoup plus folk, ce qui va tellement bien aussi à sa voix qui peut vous faire passer du froid dans le dos de ces textes criés, au chantant (tout sourire) selon ses envies. Le public se met à chanter et cela semble à son goût. Il vient taper du pied devant nous, improvisant même quelques pas de danse, guitare à la main.

«Il reste 10 minutes. On va changer le programme …» Ça commence par Tout (de Monde Nouveau Monde Ancien, son album précédent), qu’il va dédicacer à Jacques Prévert (selon lui la moindre des choses pour tous ses textes). Il tient des feuillets à bout de bras gauche, pendant que sa main droite semble dessiner des volutes mystérieuses. Il y a bien ce fond de guitare, de basse et de batterie mêlées, mais ses paroles sont musicalité à elles seules. Et il y a presque un regard pour chacun de nous. Les feuilles tombes une à une et le rythme devient de plus en plus rapide, tout en montant en intensité. Elles volent à présent et ses mots se perdent dans un véritable tourbillon. Ça déchire grave. Il vit tout cela avec une force inouïe. C’est juste poignant. Le public crie, siffle, clappe … Lui est touché de ce retour et lâche un «Trop bien … Merci, c’est trop bien» presque rougissant de plaisir.

Pour terminer, ce sera une nouvelle chanson, pour faire quelque chose de spécial ce soir. Après l’ouverture faite par Gari Greu et son titre officiel pour Marseille 2013 : Export Import, Nevchehirlian propose celle-ci pour devenir l’hymne de Marseille 2014 : Rendez-nous L’argent (qui sera sur son prochain album). Ils se mettent donc à crier tous les quatre des «Rendez-nous l’argent !» en décalés, en s’acharnant sur leurs instruments. Un texte extrêmement fort et culotté, avec ce refrain improbable … Moi je vote pour Monsieur Nevchehirlian en 2014 !! (et vive la polémique. Raz-le-bol des biens pensants et des projets fumeux à je ne sais combien de million d’euros, quand tout le monde est dans la merde !) La chanson tourne bientôt au slogan, repris par une bonne partie de la salle (du moins dans les premiers rangs, je vous le garantis !) Lui est content de son effet (et même carrément ravis je devrai dire !)

Il va nous quitter non sans saluer, le corps plié en deux. La scène est en train d’être démontée, mais qu’à cela ne tienne … Ils reviennent quand même saluer une seconde fois, sous des bravos plus que mérités et une salle pour le moins retournée par toutes ces émotions !!

Mais le programme reprend les rênes de notre soirée et a peine remis de la déferlante Nevchehirlian, il nous faut retourner vers la tornade Dionysos … Pour une soirée de Fiesta, c’est une soirée de fiesta !!

Composition

  1. Intro : Liftier
  2. Paroles Prévert
  3. J’ai Grandi
  4. Attendez-moi Sous L’orme
  5. La Lettre A Janine
  6. Citroën
  7. Le Cancre
  8. Le Soleil Brille Pour Tout Le Monde
  9. Marche Ou Crève
  10. Tout
  11. Rendez-nous L’argent

Date Limite de Consommation

Site de Production

Site Offi­ciel : http://www.nevchehirlian.com/

Ingrédients

Remerciements