Il en fallait du courage pour braver la presque tempête d’eau qui tombait sur Marseille !! Mais, à vrai dire, ce n’était pas un obstacle pour nous, qui étions prêt à déplacer des montagnes pour découvrir ce concept tout aussi curieux qu’attirant de « Sieste Acoustique », en plein dimanche après midi. Et puis, revoir Aim-A, Martin Mey, Julien Lefèvre, L et de nouvelles têtes, ce ne peut être que du plaisir ! Sans oublier de faire un petit coucou à Frédéric Nevchehirlian, présent pour présenter ce dernier concert 2015 du micro Festival Gravitation.

Allongé comme une grosse larve dans une chaise longue, avec une couverture sur les genoux, me voilà fin prêt ! Prêt pour quoi ? Et bien pour un très beau voyage d’une dizaine de chansons chantées et jouées en acoustique. Le voyage étant même si reposant pour l’âme que, d’après ma voisine chroniqueuse, j’y ai un peu participé par quelques ronflements dignes d’un heureux dormeur, avant qu’un gentil coup de coude et un regard sévère ne vienne me ramener à la réalité ! Ben quoi, il est bien marqué sur le flyer que c’est une sieste et, en bon petit soldat, j’ai suivi l’ordre 🙂

Au final, ce fut donc une après-midi de rêve, dans tous les sens du terme : on entre tout mouillé par un gros nuage et on ressort en flottant sur lui, bien au dessus des gouttes.

Une expérience à refaire ! Et même le plus vite possible !

C’est ma toute première Sieste Acoustique, mais je peux vous assurer que ce ne sera pas la dernière (si l’occasion s’en représente). Alors, pour commencer : qu’est-ce qu’une Sieste Acoustique ? Et bien c’est une très jolie petite salle, celle de Montévidéo, nichée dans le 6ème arrondissement de Marseille et installée en mode détente pour l’occasion … Donc pleine de confortables transats orientés vers une scènette, simplement éclairée d’un lampadaire blanc qui retombe en cloche au-dessus d’elle. Un écrin juste parfait pour nous accueillir, armés de nos oreillers et de nos plaids douillets (c’était conseillé dans le descriptif et je peux vous assurer que j’ai joué le jeu à 100%).

Et qui a eu cette incroyable et si belle idée ? Et bien Frédéric Nevchehirlian (le seul et l’unique, pour une idée si emprunte de poésie), qui va d’ailleurs nous en faire la présentation … Pas encore dans la sieste, mais déjà dans son rêve (comme il le dit si bien). Bastien Lallemant, notre maître de cérémonie pour ce moment particulier, prend le relai, nous promettant une heure pour nous assoupir gaiement, pour en faire ce que l’on veut … Dormir, ronfler bruyamment ou rêver, sur de la musique la plus douce possible, le départ étant donné par le tintement d’une cloche, qui retentira à nouveau à la fin de la sieste. « Alors, juste le temps de s’accorder, et bonne sieste à tous ».

C’est la guitare d’Orso qui commence, suivie de celle de Martin. Autoharpe pour Jonathan assis en bord de scène et légère ligne de basse pour Aim-A, sur une chaise derrière lui. A genoux, au sol, David qui tapote doucement sur l’étui d’une guitare du bout de ses doigts. Bastien à la guitare et Julien au violoncelle. L assise, toute sage, à leurs côtés, le visage rayonnant. Ils se regardent tous. Semblent veiller les uns sur les autres avec infiniment de complicité et même de la tendresse … Sincèrement : c’est absolument magique.

Ils vont ainsi chanter chacun leur tour, accompagnés ou non par la voix des autres, mais toujours par leur présence. Tout semble comme en apesanteur et, effectivement, propice à l’endormissement, même si je ne parviens pas à y céder, tant je suis gardée éveillée par la peur d’en perdre une seule miette … Du poème en catalan, entonné par Vanille, entrée en dernière par le côté de la salle, et repris à neuf voix dans la plus grande des douceurs; à L qui nous offre sa voix cristalline, au son des accords de Julien et du chant léger de l’oiseau siffleur qui les accompagne … Tout est féérique. Et nous ne pouvons que donner libre cours à notre rêverie, les yeux ouverts ou fermés, quand Aim-A fait pleurer sa basse, pour accompagner sa voix, comme un souffle.

Et puis voilà que c’est le rire et la surprise qui viennent nous cueillir, lorsque David décide de nous conter l’épique histoire de La Culotte De Coton (je ne vous en dirait pas plus; laisser planer votre imagination étant sans aucun doute aussi savoureux que la chanson elle même !) Nous passons par tous les états du sommeil et du rêve. De l’émotion au sourire. Bercés que nous sommes par la voix de Martin qui suspend le temps, ou par les ballades Folk de Bastien en duo avec L, avant d’être rattrapés par les douces ritournelles d’Orso.

La cloche retenti de nouveau, pour nous faire sortir de nos beaux rêves … Le mien aura été éveillé, mais tout aussi intense je pense que celui des endormis. Une de ces belles parenthèses enchantées dont on a un peu de mal à sortir. Mais tout se fait dans la douceur. Avec même un goûter qui nous attend de l’autre côté, pour nous ramener tout en douceur à la réalité.